Tunisie : cacophonie générale autour du calendrier électoral

Des élus de l’opposition tunisienne ont brocardé, le 11 mars, le calendrier politique « pas réaliste » de la majorité, qui prévoit l’adoption de la Constitution au début de juillet et des élections dès le 27 octobre 2013. Un échéancier dont le vote par les députés était prévu 24 heures après. Au plus tôt…

Le chef du gouvernement tunisien, Ali Larayedh, à Tunis, le 26 février 2013 © AFP

Le chef du gouvernement tunisien, Ali Larayedh, à Tunis, le 26 février 2013 © AFP

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Publié le 12 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Une prise de bec – une de plus – dans les tractations pour l’adoption de la future Constitution en Tunisie. « Les discussions vont se poursuivre [le 12 mars] », a déclaré Moufdi Mssedi, un responsable du cabinet de la présidence de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Selon lui, le calendrier électoral sera soumis au plus tôt le 12 mars aux élus, qui doivent aussi tenir ce jour-là un vote de confiance au gouvernement, dirigé par Ali Larayedh, du parti islamiste Ennahda.

Mais les élus de l’opposition ont critiqué avec virulence cet échéancier, présenté le 11 mars après-midi par la présidence de la Constituante. « Les dates fixées pour les élections ne sont pas réalistes, je crains qu’il s’agisse d’un poisson d’avril, a clamé Mohamed Allouch, un député indépendant. Nous estimons que les élections ne peuvent avoir lieu avant mars 2014 (…) arrêtons de mentir au peuple tunisien, disons-lui la vérité », a-t-il ajouté.

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« Nous dénonçons cette précipitation autour de l’annonce de ce calendrier », a lancé de son côté le député Mohamed Hamdi du parti Alliance démocratique.

Calendrier serré

À l’inverse, Sahbi Attig, chef du groupe parlementaire d’Ennahda, a déclaré être « d’accord avec ces rendez-vous ». Le calendrier – très serré – prévoit que le projet de Constitution soit achevé le 27 avril, et que le texte soit définitivement voté le 8 juillet, après un débat à partir de la mi-mai. Il fixe aussi au 27 octobre les prochaines élections, après l’adoption de la loi électorale le 13 septembre 2013.

Cet échéancier vise à sortir le pays d’une profonde impasse politique liée à l’absence d’un consensus réunissant les deux-tiers des députés, en particulier sur la question clé du type de régime à mettre en place. Plusieurs dates butoir ont par ailleurs été annoncées ces derniers mois pour les travaux de l’ANC sans jamais être respectées.

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À l’origine, la classe politique s’était engagée à finir la Constitution en octobre 2012, soit un an après l’élection de l’assemblée. À la fin de février, l’ONG Al Bawsala, seule organisation à suivre en totalité les débats de l’ANC, avait souligné les graves dysfonctionnements de l’assemblée, dont les travaux sont ralentis par l’absentéisme et l’obstruction parlementaire.

Retards en série

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Encore le 11 mars, les séances du matin et de l’après-midi ont débuté chacune avec deux heures de retard. Al Bawsala estime qu’un calendrier réaliste fixerait l’adoption de la Constitution durant la première quinzaine de septembre et les élections au 12 janvier 2014, laissant le temps aux députés d’adopter une loi électorale et aux autorités d’enregistrer les électeurs.

Ces désaccords bloquent la mise en place d’institutions stables, plus de deux ans après le début de la révolution. Une crise aggravée par l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd dont la mort le 6 février a entraîné la démission du gouvernement.

Le cabinet qui doit être soumis le 12 mars au vote de l’ANC a reconduit la coalition malaisée entre les islamistes et deux partis laïcs tout en l’élargissant à des indépendants. Cette équipe devrait cependant obtenir sans mal la confiance des députés. M. Larayedh a assuré que son gouvernement resterait en fonction au plus tard jusqu’à la fin de l’année 2013, laissant ainsi entendre que les nouvelles institutions seront en place avant le 3e anniversaire de la révolution tunisienne, le 14 janvier 2014.

(Avec AFP)

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