Algérie : Belounis, un footballeur retenu contre sa volonté au Qatar
Depuis plusieurs mois, le Franco-Algérien Zahir Belounis est bloqué à Doha (Qatar) avec sa femme et ses deux filles. L’ancien milieu de terrain de Noisy-le-Sec, de l’Île Rousse et de Saint-Lô, passé par la Malaisie (Melaka TMFC) et la Suisse (la Tour-Le Pâquier) refuse de signer un document du club d’Al-Jaish, qui lui doit vingt-et-un mois de salaire. Le joueur, actuellement sans ressources, a décidé de porter l’affaire devant la justice qatarie. Interview.
Jeune Afrique : À quand remonte votre engagement avec Al-Jaish ?
Zahir Belounis : J’ai signé avec Al-Jaish, le club de l’armée, en 2007. À la fin de mon contrat en 2010, j’ai dit aux dirigeants de l’époque que je partais. Ils voulaient que je revienne. J’ai accepté de les rencontrer à Vienne en Autriche. J’ai fait part de mes prétentions, et ils m’ont fait signer un contrat de cinq ans, avec un salaire revu à la hausse. Le club était en Division 2, avec l’ambition de monter.
C’est ce qui est arrivé…
Oui. On accède à la D1, j’étais capitaine de l’équipe, et entre-temps, on m’a donné la nationalité qatarie pour disputer la Coupe du Monde militaire au Brésil à l’été 2011. Et j’apprends que les nouveaux dirigeants ont engagé trois étrangers, dont Karim Ziani (Algérie). Quand je reviens, un peu inquiet, car seuls trois étrangers par club sont autorisés, on me dit qu’on va me prêter en D2, à Al-Markhya. Les dirigeants me disent qu’ils vont continuer à me verser mon salaire, en plus de celui que me donnera Al-Markhya. Or, Al-Jaish ne m’a rien versé. À la fin de mon prêt, j’ai attendu, et j’ai demandé à être payé.
Que vous a-t-on répondu ?
J’ai pris des avocats, mais je me suis vite aperçu qu’ils étaient de mèche avec certains dirigeants d’Al-Jaish. Lesquels m’ont baladé. Et puis un jour, ils me disent la chose suivante : « Tu signes ce papier affirmant qu’on ne te doit rien, et on te donne ton chèque. » J’ai refusé, alors que mes avocats voulaient que je signe.
Est-ce pour cette raison que vous êtes bloqué à Doha ?
Oui, car Youssef Dasmal, le directeur sportif d’Al-Jaish, m’a fait comprendre que si je ne signais pas le document, le club ne validerait pas l’autorisation de sortie de territoire. Et sans cela, je ne peux pas partir.
Avez-vous engagé une procédure judiciaire ?
Oui. J’ai viré mes anciens avocats, et j’en ai pris de nouveaux, des anglais. Je suis décidé à aller au bout. Un expert vient d’être nommé. Youssef Dasmal, le directeur sportif d’Al-Jaish, dit que je n’appartiens plus au club, mais que j’ai toujours été payé. C’est faux ! J’ai un contrat valable jusqu’au 30 juin 2015. Ce contrat, ils ont réussi à me le subtiliser. Mais j’ai des éléments qui prouvent que j’appartiens toujours à ce club. Ils ne le savent pas, mais ce sont des documents que je vais produire lors du procès. D’ailleurs, j’habite toujours une maison qui appartient au club…
Où est passé mon argent ? Il est bien tombé dans certaines poches ! Cela fait 21 mois que je n’ai pas été payé. Pensant quitter la Qatar, je n’ai pas scolarisé ma fille aînée. Ma femme supporte très mal ma situation. L’ambassade de France à Doha suit désormais notre dossier. Ce que je souhaite, c’est qu’elle m’obtenienne un visa de sortie très rapidement. Pour qu’ensuite je puisse revenir pour le procès.
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Propos recueillis par Alexis Billebault
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