Burundi : le temps de la concertation avec l’opposition
Sous les auspices du Bureau des Nations unies au Burundi (Bnud), un forum de trois jours s’est ouvert lundi 11 mars dans la capitale burundaise, Bujumbura. Objectif : revenir à une vie démocratique normale après les élections contestées de 2010… et avant celles de 2015.
Pour la première fois de puis trois ans, pouvoir et opposition se retrouvent au grand jour pour renouer un dialogue brusquement interrompu après les élections générales de 2010 dont les résultats avaient été contestés. Du 11 au 13 mars, la classe politique burundaise planche sur un thème précis : « Le processus électoral au Burundi : enseignements et perspectives ».
À la base de cet atelier, le Bureau des Nations unies au Burundi (BNUB) que dirige le diplomate gabonais Parfait Onanga-Anyanga, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Arrivé au Burundi en juin 2012, il s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de grains de sable dans la machine démocratique burundaise. Il fallait, pour remédier au problème, mener des actions tendant à détendre un climat politique tendu marqué par l’exil des principaux chefs des partis de l’opposition qui s’étaient retirés de l’élection présidentielle en 2010.
Ces derniers étaient convaincus que le processus électoral manquait de transparence, malgré l’avis contraire de la communauté internationale. « L’initiative de ce jour entre dans le cadre du mandat confié au BNUB, qui consiste, notamment, en la facilitation du dialogue politique entre les Burundais. Elle bénéficie du soutien du secrétaire général de l’ONU et du Conseil de sécurité. Le gouvernement burundais, pour sa part, n’a pas ménagé son appui », indique Parfait Onanga-Anyanga. Le représentant spécial de Ban Ki-moon assure que le forum est l’occasion de tirer les leçons de l’expérience électorale de 2010 et de se mettre d’accord sur les éléments qui constitueront le socle des élections de 2015, afin d’en garantir les meilleures conditions de crédibilité, de transparence et d’équité.
Retour d’exil
Mais pour que cette rencontre pouvoir-opposition ait un sens, pour qu’elle soit inclusive, il fallait le retour au pays des chefs de partis en exil, dont certains n’avaient pas hésité à reprendre les armes. « Dès notre arrivée en 2012, nous avons noté de la part du gouvernement une ouverture pour que les exilés reviennent », poursuit Parfait Onanga-Anyanga. Il s’agit, notamment, d’Agathon Rwasa, leader des Forces nationales de libération (FNL) ; de Léonard Nyangoma, chef du Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD) ; d’Alexis Sinduhije, dirigeant du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD) ou encore de Pascaline Kampayano, responsable de l’Union pour la paix et le développement (UPD).
Les opposants en exil ont-ils posé des conditions avant d’accepter l’invitation du BNUB ? Parfait Onanga-Anyanga répond : « Nous n’avons pas été sollicités pour des demandes particulières. Nous avons eu des contacts avec le gouvernement pour que personne ne soit inquiété. Il s’est engagé à garantir la sécurité de chacun. Cet engagement officiel a été transmis aux intéressés soit directement, soit indirectement. Mais le retour des uns et des autres ne doit pas être seulement ponctuel ».
Nkurunziza en France
Alors que Léonard Nyangoma avait annoncé son retour, Agathon Rwasa, pas du tout rassuré, a préféré se faire représenter par son porte-parole. Alexis Sinduhije et Pascaline Kampayano sont arrivés à Bujumbura à la fin de la semaine dernière. Mais le forum ne s’adresse pas qu’à l’opposition en exil. Celle qui n’est pas représentée au Parlement et dont les chefs n’ont pas quitté le pays, à l’instar du Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu) est également concernée. Ce dernier parti, par exemple, a connu des dissensions en son sein, au point qu’une de ses branches a préféré se rapprocher du parti présidentiel, le Congrès national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Les FNL d’Agathon Rwasa ont connu le même sort.
Que faut-il attendre de cette rencontre qui se tient au moment où le président burundais, Pierre Nkurunziza, entame un voyage officiel en France ? « Nous espérons que ce tout petit événement permettra, peut-être, de faire de grands pas vers le retour d’une vie politique plus normale pour la consolidation de la paix et l’avènement d’une culture démocratique solide », souligne Parfait Onanga-Anyanga. Les prochaines élections générales au Burundi auront lieu en 2015.
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Par Tshitenge Lubabu M.K.
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