Élections au Kenya : pourquoi des résultats au compte-gouttes ?

La commission électorale kényane a annoncé dans une allocution télévisée, vendredi 8 mars, un nouveau report de la publication du résultat définitif des élections. Retour sur les points de blocages.

Stockage des urnes après comptage des bulletins de vote . © AFP

Stockage des urnes après comptage des bulletins de vote . © AFP

Publié le 8 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

Alors que la Commission électorale a annoncé, vendredi 8 mars, qu’elle reportait, une fois de plus, l’annonce des résultats, retour sur les quelques interrogations nées du scrutin.

  • Système de reconnaissance biométrique et envoi des résultats par SMS. Le choix d’un scrutin recourant aux nouvelles technologies était-il le bon ?

Pour éviter des accusations de fraudes massives comme lors du précédent scrutin fin 2007, le Kenya a choisi un système biométrique d’enregistrement et de reconnaissance des électeurs, puis d’envoi de résultats provisoires par SMS depuis chaque circonscription. Mais les deux systèmes se sont effondrés. Certains reprochent à la Commission électorale de ne pas avoir tenu compte de mises en garde en amont du vote et de problèmes rencontrés lors des tests. Les observateurs étrangers sont plus cléments, mais reconnaissent que le choix électronique était « ambitieux ».

  • Six bulletins pour six urnes. Des élections trop complexes ?
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C’est ce qu’observateurs et analystes disent. Les Kényans retournaient aux urnes massivement pour la première fois depuis le scrutin présidentiel controversé de fin 2007, et l’adoption par referendum d’une nouvelle Constitution en 2010. Lundi, pour la première fois de leur histoire, ils ont dû mettre six bulletins dans six urnes : pour élire leur président, mais aussi leurs députés, sénateurs, gouverneurs, membres de l’Assemblée départementale et un quota de femmes députés. Urnes et bulletins étaient de couleurs différentes mais de nombreux Kényans se sont plaints de ne pouvoir les distinguer.

  • Accusations de fraudes de la part des deux camps. Comment est justifié le retard dans l’annonce des résultats ?

La Commission électorale avait promis les résultats provisoires en 48 heures. Mais ces résultats sont arrivés beaucoup plus lentement, alimentant les peurs d’une redite du scénario de 2007. Lenteur et opacité avaient alimenté les soupçons de fraude massive. Cette année, la Commission électorale a assuré que la lenteur était due à des problèmes techniques. Les observateurs étrangers ont garanti, dans leurs premières conclusions, « l’intégrité » du processus. Mais des accusations ont émané des deux principaux camps.

Celui du Premier ministre Raila Odinga a affirmé que des chiffres avaient été « trafiqués ». Il a demandé en vain l’interruption du dépouillement. Le camp de son principal adversaire Uhuru Kenyatta avait auparavant dénoncé la décision de la Commission électorale de déterminer la majorité pour l’emporter au premier tour sur la base de la totalité des votants, bulletins nuls compris, et non des seuls votes exprimés. Ses griefs se sont éteints quand le nombre de votes nuls a fondu au passage au décompte manuel, après la défaillance des systèmes électroniques. Mais une autre polémique est alors née de cette diminution massive des bulletins nuls. La Commission électorale a évoqué un couac informatique. Un logiciel aurait par erreur multiplié par huit les votes nuls au début. Étrange…

  • Des irrégularités au moment du vote ?

Un certain nombre d’électeurs n’ont pas trouvé leur nom sur les listes électorales, alors qu’ils s’étaient enregistrés. La pratique d’« acheter » des votes est bien ancrée au Kenya. Cette année, des inconnus auraient même offert d’acheter les cartes d’identité de certains électeurs pour les empêcher de pouvoir voter. Il est impossible de déterminer l’ampleur de ces irrégularités.

  • La commission électorale a-t-elle été indépendante ?
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En 2007, la précédente Commission électorale avait été largement décriée. Pour lever tout soupçon de partialité, les membres de la nouvelle Commission ont été désignés selon un processus consultatif, et approuvés par le Parlement après des auditions publiques. Depuis, les sondages montraient que la population lui accordait une écrasante confiance. Mais cette semaine, les deux camps ont soulevé la question de son indépendance, forçant son président, Ahmed Issack Hassan, à marteler l’impartialité de son équipe qui, a-t-il dit, a même renoncé à voter.

(Avec AFP)
 

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