Guerre au Mali : les services français sur les dents

« Nous avons fait un prisonnier français » au nord du Mali, a déclaré le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, vendredi 8 mars sur la radio Europe 1. Existence d’une filière jihadiste en France, menaces contre les ressortissants français en Afrique : les services de sécurité de l’Hexagone sont en alerte maximum.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en visite à Gao au Mali, le 7 mars. © AFP

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en visite à Gao au Mali, le 7 mars. © AFP

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Publié le 8 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

Le jihadiste français fait prisonnier ces derniers jours dans la vallée de l’Ametettai au Mali, « va être extradé vers la France dans les moments qui viennent », a déclaré, vendredi 8 mars, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la défense, sur la radio Europe 1, confirmant une information de Libération. Un autre jihadiste français présumé, arrêté au Mali en novembre, Ibrahim Aziz Ouattara, qui possède aussi la nationalité malienne, a quant lui été expulsé mardi vers la France et placé en garde à vue, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. L’homme est soupçonné d’avoir cherché à rejoindre des groupes jihadistes opérant dans la région.

Âgé de 25 ans, il avait été interpellé le 3 novembre par les autorités maliennes à Sévaré, dans le centre du pays, alors qu’il était sous le coup d’une mesure de contrôle judiciaire décidée en France dans une autre affaire antiterroriste, lui interdisant de quitter le territoire. Né en janvier 1988 à Aubervilliers, en banlieue parisienne, Ibrahim Aziz Ouattara avait été mis en examen en novembre 2010 dans le cadre d’une instruction ouverte sur des soupçons de projet d’attentat contre le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur.

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"Filière terroriste"

Ouattara était entré au Mali en provenance de Lisbonne sous une fausse identité, avec les papiers d’un certain Khalifa Dramé qui a été également placé en garde à vue mardi matin dans les locaux de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), près de Paris, selon source judiciaire. Ces affaires montrent « qu’il y avait là la constitution d’une espèce de filière terroriste de guerre qui pouvait accueillir certains jeunes en quête d’un destin radical comme certains ont pu aller auparavant en Afghanistan ou en Syrie », a souligné Jean-Yves Le Drian. 

Les autorités françaises estiment qu’une dizaine de djihadistes français ou ayant une double nationalité sont partis au Sahel pour rejoindre des combattants islamistes. « Ils sont peu nombreux, pour l’instant, nous n’en avons identifié que deux », a assuré Jean-Yves Le Drian. Plusieurs ont été arrêtés dans la bande sahélienne ces derniers mois, notamment Cédric Labo Ngoyi Bungenda, un Franco-Congolais de 27 ans, interpellé en août 2012 par la police nigérienne.

Menaces d’attentat

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Paris s’inquiète de plus en plus des menaces contre la France liées à son intervention militaire. Dans son édition datée du 8 mars, le journal Le Monde rapporte que dans les puces des téléphones abandonnés dans l’Adrar par les combattants d’Aqmi, les services de renseignements s’intéressent à des numéros d’appel venant de la France. Et jeudi à Marseille, deux jeunes Français soupçonnés de complot terroriste, de fabrication d’explosifs et d’activités extrémistes sur Internet ont été arrêtés. Agés de 18 et 20 ans, ils ont été identifiés comme des suspects sur la base de « messages jihadistes » et de consultation de sites Internet extrémistes.

Outre les possibles attentats en France, les services craignent également des représailles dans l’un des pays africains où vit une importante communauté française. « Les deux endroits où ça peut cogner très fort contre les Français, c’est la Tunisie et le Sénégal », confie un expert de la lutte antiterroriste en Afrique. Le 22 février, l’ambassade des États-Unis à Dakar a envoyé par texto un message d’alerte aux ressortissants américains et aux employés de l’ONU résidant au Sénégal. Par crainte d’un attentat, elle leur conseillait de ne pas circuler dans le centre-ville et d’éviter de sortir de leurs bureaux.
 

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