Mauritanie : le président Ould Abdelaziz porte plainte contre le député français Noël Mamère
Le président mauritanien a entamé une action judiciaire en France contre le député vert Noël Mamère, qu’il accuse de diffamation. Celui-ci l’avait traité de « parrain de la drogue » au cours d’une émission télévisée.
Face aux propos du député écologiste français Noël Mamère, qui l’a accusé d’être un « parrain de la drogue », le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a décidé de ne pas en rester là. Le 6 mars, une plainte en diffamation a été déposée auprès du tribunal de grande instance de Paris par ses deux avocats, l’un français, le second mauritanien, Me Eric Diamantis et Me Jemal M. Taleb. Ils réclament une peine symbolique : 1 euro de dommages et intérêts, ainsi que deux publications dans un quotidien national.
« Noël Mamère a porté atteinte à l’honneur et à la considération de Mohamed Ould Abdelaziz, ainsi qu’aux mauritaniens qui l’ont élu, explique Me Diamantis. Sa position aurait pourtant dû l’amener à s’exprimer avec davantage de sérieux. » Les conseils d’Aziz ont opté pour la citation directe, afin que « cette affaire soit réglée le plus vite possible. »
Le 21 janvier, invité de l’émission 28 minutes sur Arte, le maire de Bègles (Gironde) a été questionné au sujet de l’intervention militaire française au nord du Mali. « Est-ce que vous imaginez que les jihadistes vont disparaître et qu’ils ne vont pas se réfugier… en Mauritanie, où il y a un président qui est le parrain d’un trafic de drogue, par exemple ? » La séquence aurait pu passer inaperçue si la web-radio mauritanienne Kassataya ne l’avait pas isolée, puis diffusée sur son site Internet. Interrogé le 10 février par Mauriweb.info, un site mauritanien, Noël Mamère a réaffirmé ces accusations, ajoutant cette fois qu’il s’agit d’un « secret de Polichinelle. »
Marche arrière
La Coordination de l’opposition démocratique (COD) avait alors vivement dénoncé « le silence officiel », face aux « accusations graves » proférées à l’encontre d’Aziz. Sauf que de son côté, le président mauritanien avait déjà pris contact, en toute discrétion, avec ses avocats afin d’enclencher une procédure judiciaire en France. Depuis, Noël Mamère, s’il ne présente pas d’excuses, semble tout de même faire marche arrière.
Le 7 mars, dans un communiqué de presse publié par le site de l’hebdomadaire mauritanien Le Calame, il dément toute instrumentalisation et explique avoir « évoqué le président mauritanien, sans doute, abusivement. Comme j’aurais pu dire tchadien, malien ou algérien etc. Tant je ne visais pas l’homme lui-même mais plutôt les dysfonctionnements des appareils judiciaires – y compris chez nous en Europe – qui laissent parfois échapper de gros poissons mafieux (…). » La première audience n’aura pas lieu avant au moins deux mois.
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Par Justine Spiegel
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