Centrafrique : le difficile cantonnement des troupes de la Séléka

Près de deux mois après la signature des accords de Libreville, les opérations de cantonnement des troupes de la Séléka ont débuté, dimanche 3 mars. Mais plusieurs chefs de la rébellion sont récalcitrants, et le mouvement paraît plus que jamais divisé.

Michel Djotodia, leader de la Séléka. © AFP

Michel Djotodia, leader de la Séléka. © AFP

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Publié le 5 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Bangui, vendredi 1er mars. Souffrant, selon son entourage de « problèmes neurologiques » depuis près d’une semaine, Michel Djotodia est évacué vers Libreville. Particulièrement atteint, c’est sous perfusion que le vice-Premier ministre, ministre de la Défense, et leader de la Séléka quitte la capitale centrafricaine.

Son absence intervient au plus mauvais moment. Le lendemain, Djotodia devait accompagner le Premier ministre, Nicolas Tiangaye, à Damara (80 km de Bangui), lors du lancement des opérations de cantonnement des troupes de la rébellion. Ces dernières sont censées se retirer vers trois villes : Bria, Kaga Bandoro et Ndélé. Mais l’ancien opposant au président François Bozizé a toutes les peines du monde à convaincre certains éléments rebelles d’obtempérer.

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Dimanche, après d’intenses négociations, Tiangaye a finalement réussi à obtenir de la Séléka que les 1 800 hommes basés à Damara se retirent vers Sibut, à 187 km de Bangui. « Ce n’est en rien un retrait, tempère un diplomate en poste à Bangui. En contrôlant Sibut, la Séléka bloque toujours l’axe nord-sud ». Près de deux mois après la signature des accords de Libreville, un mois après la nomination du Premier ministre, la rébellion occupe encore sept localités réparties entre le nord, le centre et l’est de la République centrafricaine : Kaga-Bandoro, Sibut, Alindao, Ndélé, Bria, Bambari et Soamoandja.

Localités sous contrôles de la Séléka :


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Sentiment de trahison

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Au sein d’une rébellion par essence hétéroclite, les divisions entre les responsables politiques qui ont intégré le gouvernement et les militaires sur le terrain s’affichent désormais publiquement. Les tensions sont vives – des incidents armés ont eu lieu, lundi soir, à Sibut – et les alliances de circonstance pourraient bientôt voler en éclats. « Le sentiment général est que les chefs se goinfrent et que les soldats se sont battus pour rien », confie notre diplomate.

Lundi, l’un des porte-parole militaires, le colonel Narkoyo, a déclaré conditionner le retrait des troupes à la « libération de nos prisonniers et le départ des forces étrangères (sud-africaines et ougandaises) ». Le ministre de la Communication, Christophe Gazam Betty, considère de son côté que cette position n’est pas celle de la hiérarchie de la Séléka, pour qui le cantonnement des troupes ne doit pas faire l’objet de conditions.

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Hostile à tout compromis, une partie de la Convention des patriotes pour la justice et la paix fondamentale (CPJP) du général Nouredine Adam a d’ores et déjà quitté le mouvement. Le 29 février, ce sont des éléments de cette faction, à bord de 5 à 6 pick-up lourdement armés venus du Tchad, qui ont attaqué la localité de Sido, en zone frontalière. Les combattants, une petite centaine, ont visé la sous-préfecture, la base des forces armées centrafricaines, la gendarmerie, le poste des douanes et le commissariat.

Si Christophe Gazam Betty a qualifié l’attaque d’« acte de folie », le commandement de la rébellion ne souhaite pas, pour le moment, utiliser la force contre ses anciens camarades, et préférerait négocier. Car à Bangui, on craint ouvertement que cette faction ne parvienne à rassembler les mécontents de la Séléka et à reprendre l’offensive. Tout serait alors à reconstruire.

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Par Vincent Duhem

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