Mali : Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, une photo pour deux cadavres ?
La confusion règne toujours sur le sort d’Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar, deux chefs jihadistes que l’armée tchadienne affirme avoir tués lors des récents combats dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, à l’extrême nord du Mali. Mardi, RFI et Paris Match publient la même photo d’un homme mort. Pour le premier média, il s’agit du corps de Belmokhtar. Pour le second, c’est celui d’Abou Zeid.
Une photo, deux cadavres. Lundi soir, Radio France International publie sur son site le cliché d’un homme mort, présenté par les militaires tchadiens comme étant celui de Mokhtar Belmokhtar. Le lendemain matin, Paris Match publie deux autres photos, du même corps, mais indique qu’il s’agit du cadavre d’Abou Zeid. Qui dit vrai ? Dur à savoir. Contacté par Jeune Afrique, les deux journalistes à l’origine de la publication de ces photos sont formels et maintiennent chacun leur version.
D’après RFI, la photo présentée comme celle de Mokhtar Belmokhtar a été obtenue dimanche 3 mars. Ce jour-là, plusieurs journalistes sont « embeddés » (emmenés) par des éléments de l’armée tchadienne au pied du rocher de Tigharghar, dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tessalit.
« Les militaires tchadiens revenant du front ont alors montré [à l’envoyé spécial de RFI] des photos prises sur leur téléphone portable, en affirmant que ce cadavre est bien celui de Mokhtar Belmokhtar », indique le site de la radio internationale. Également présents sur place, les envoyés spéciaux d’Al Jazira relaieront la même information, diffusant la photo à l’antenne dans la soirée du lundi 4 mars.
Le lendemain matin, le site de l’hebdomadaire Paris Match publie deux photos, dont celle du même visage de cadavre, mais affirme qu’il s’agit d’Abou Zeid et non de Mokhtar Belmokhtar. Ce cliché a été récupéré dimanche 3 mars auprès d’un officier supérieur de l’armée tchadienne, qui a affirmé que le corps était celui d’Abou Zeid. « Quand j’ai vu la photo, je l’ai reconnu immédiatement. C’était bien Abou Zeid, affirme le journaliste sur le site de Paris Match. L’officier qui l’avait prise deux jours plus tôt, le samedi 2 mars, avec le petit appareil numérique qu’il porte dans un étui à sa ceinture, était d’accord avec moi. »
Lundi 4 mars, le président tchadien, Idriss Déby Itno, a réaffirmé que les deux jihadistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar avaient été tués « lors des affrontements qui ont eu lieu le 22 février et 2 mars entre les forces armés tchadiennes et les islamistes » dans le nord du Mali. « C’est par respect des principes de l’islam que les dépouilles de ces deux terroristes n’ont pu être exposées. C’est sur cette base que je peux répondre au ministre français de la Défense (Jean-Yves Le Drian, NDLR) qui souhaiterait avoir des preuves », a-t-il ajouté. De leur côté, Alger, Paris et Bamako restent très prudents et refusent toujours de confirmer ou d’infirmer la mort de ces deux chefs de file du jihadisme sahélien.
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Benjamin Roger
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