Guinée : décès d’un manifestant, nouveaux heurts à Conakry

Selon une source hospitalière, un jeune Guinéen figurant parmi quelque 130 personnes blessées lors d’une manifestation d’opposants, le 27 février à Conakry, a succombé à ses blessures. De nouveaux heurts ont opposé le lendemain, jeudi 28 février, les forces de l’ordre à des jeunes en banlieue.

Affrontements à Conakry, lors d’une manifestation, le 27 février 2013 © AFP

Affrontements à Conakry, lors d’une manifestation, le 27 février 2013 © AFP

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Publié le 1 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Il n’a pas survécu à ses blessures. Mamadou Téla Bah, un lycéen de 22 ans, avait été blessé, le 27 février, à l’arme blanche lors d’une manifestation d’opposants guinéens. Il a été transporté à l’hôpital Jean-Paul II de Conakry  où il est décédé le même jour, peu après 22 heures (heure locale), a affirmé à l’AFP la source hospitalière sous couvert d’anonymat. « Le jeune Bah est arrivé ici dans le coma, on lui avait sectionné une veine à l’aide d’une arme blanche et donc il avait perdu beaucoup de sang. (…) Malheureusement, nous n’avons rien pu faire pour lui, il est mort sous mes yeux », a-t-elle ajouté.

Le corps du jeune homme a été transporté à la morgue de l’hôpital Donka, où le chef de file de l’opposition guinéenne, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, s’est rendu pour se recueillir sur sa dépouille.« C’est un martyr, une autre victime de la dictature d’Alpha Condé, [l’actuel chef de l’État guinéen, élu fin 2010 au second tour de la présidentielle, ndrl] », a déclaré l’opposant.

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L’opposition guinéenne avait appelé, le 27 février, à une manifestation, qui a rassemblé des milliers de personnes, pour exiger l’organisation d’élections législatives libres et transparentes, fixées au 12 mai. La manifestation a dégénéré en violents affrontements, faisant 130 blessés, dont 68 membres des forces de l’ordre, selon un bilan officiel. Le lendemain, des échauffourées ont à nouveau opposé les forces de l’ordre à des jeunes dans des quartiers de la banlieue de Conakry réputés favorables à l’opposition, dont Bambéto, Koloma et Simbaya.

D’après des résidents des ces quartiers, les heurts ont commencé dans la matinée, lorsque des jeunes ont jeté des pierres aux membres des forces de l’ordre présentes sur place. Des témoins ont affirmé à l’AFP que plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des jeunes, ont été arrêtées par les forces de l’ordre. Un photographe de l’AFP a vu des gendarmes interpeller plusieurs personnes, dont au moins un mineur. Aucune information n’était immédiatement disponible de source policière ou auprès de la gendarmerie sur ces incidents.

Journée ville morte

La journée de 28 février coïncidait avec une journée ville morte à l’appel de l’opposition, appel suivi en partie dans la capitale : les commerçants ont fermé boutique au marché de Madina, le plus grand de Conakry, plusieurs rues et avenues habituellement actives et passantes étaient désertées et silencieuses. En revanche, l’administration et les stations-service ont fonctionné normalement, mais la circulation était réduite à travers la ville, où étaient visibles des patrouilles de gendarmes et des dispositifs sécuritaires.

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L’opposition guinéenne avait déjà organisé le 18 février une marche qui avait mobilisé des milliers de personnes pour exiger que les législatives, attendues depuis 2011 et repoussées plusieurs fois, soient libres. La date du 12 mai retenue pour les législatives doit encore être confirmée par un décret du président Alpha Condé, attendu au plus tard le 4 mars. Les dernières élections législatives en Guinée remontent à juin 2002, sous la présidence du général Lansana Conté, décédé en décembre 2008 après 24 ans au pouvoir. C’est actuellement un Conseil national de transition (CNT, non élu) qui fait office de Parlement.

(Avec AFP)

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