RDC : Jean-Marie Runiga, chef politique du M23, démis de ses fonctions

Dans un communiqué publié le 28 février, le chef militaire du Mouvement du 23 mars (M23), Sultani Makenga, annonce la destitution de Jean Marie Runiga, le coordonnateur politique du groupe rebelle, accusé de connivence avec le général Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale.

De g.à dr. Sultani Makenga, chef militaire du M23, et Jean-Marie Runiga, coordonnateur politique © AFP

De g.à dr. Sultani Makenga, chef militaire du M23, et Jean-Marie Runiga, coordonnateur politique © AFP

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Publié le 28 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 16h00.

Au Mouvement du 23 mars (M23), la rupture est consommée entre les pro-Nkunda et les pro-Ntaganda. Le chef militaire de la rébellion qui sévit dans l’est de la RDC, Sultani Makenga, réputé fidèle au général déchu Laurent Nkunda, a destitué, le 27 février, le président de sa branche politique, Jean-Marie Runiga, qu’il accuse de soutenir le général mutin Bosco Ntaganda. « Jean-Marie Runiga vient d’être destitué de ses fonctions de président du mouvement pour incapacité et incompétence. Il appuie financièrement un général recherché par la Cour pénale internationale : le général de brigade Bosco Ntaganda », a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23. Selon lui, des combattants fidèles à Makenga ont par ailleurs été déployés, jeudi, à 20 km au nord de Goma pour tenter de mettre la main sur Bosco Ntaganda.

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D’après Reuters, des combats à l’arme lourde ont opposé, dans la journée de jeudi, les deux camps adverses dans la localité de Kibumba, à 25 km au nord de Goma. « Ils nous ont attaqué donc on a réagi », a déclaré le Colonel Seraphin Mirindi, porte-parole de la faction loyale à Runiga.

En attendant, l’intérim de la présidence politique est assuré par le « général » Sultani Makenga qui était jusqu’à présent responsable militaire du mouvement rebelle. « Jean-Marie Runiga a détourné les ressources financières du mouvement pour appuyer des activités illégitimes et prohibées, notamment le recrutement des cadres politiques et militaires pour le compte du général Bosco Ntaganda », rapporte un communiqué publié par la rébellion. Le document précise que cet appui, qualifié de « haute trahison », a permis au général mutin de « tenter une incursion dans l’espace sous notre contrôle pour y semer troubles et divisions ».

"Aveux"

La destitution a été prise « devant le haut-commandement militaire et devant le congrès », réunis le 27 février, a indiqué le lieutenant-colonel Kazarama. Selon lui, Jean-Marie Runiga « a reconnu qu’il avait collaboré » avec Ntaganda, « donc il a avoué », a-t-il dit. Le porte-parole a expliqué que l’ex-président politique a quitté la résidence qu’il habitait à Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda, pour « rejoindre » le général Ntaganda dans le « parc des Virunga », à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda – deux pays accusés par l’ONU de soutenir le M23, ce qu’ils réfutent. Il a par ailleurs souligné que des militaires pro-Ntaganda ont quitté le M23 avec Runiga, mais n’a pas pu donner leur nombre.

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Cette rupture intervient alors que des affrontements ont opposé, quatre jours plus tôt, les deux factions rivales du mouvement rebelle. Selon une source hospitalière à Rutshuru, ceux-ci auraient fait 10 morts, mais selon le gouvernement 17 morts ont été dénombrés après des échanges de tirs. Dès le premier jour de sa création, en mai, le M23 a réfuté tout lien avec le général Ntaganda, sous mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dont l’enrôlement présumé d’enfants soldats.

Mais plusieurs ONG et des rapports de l’ONU affirment que le M23 était en réalité dirigé par Bosco Ntaganda, ex-chef l’état-major du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), une rébellion intégrée dans l’armée en 2009 et dont sont issus la plupart des membres du M23.

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(Avec AFP)

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