Une dernière pour la route. Benoît XVI s’est offert une ultime apparition publique de pape à la veille de sa renonciation officielle prévue le 28 février à 20 heures (heure de Paris). Le Souverain pontife a fait ses adieux devant 150 000 personnes rassemblées Place Saint-Pierre au Vatican, en adressant son dernier message aux catholiques du monde entier. Ce moment historique a commencé par un tour de la place par Benoît XVI à bord de sa papamobile, pendant que les fidèles brandissaient des drapeaux de tous les pays et des banderoles disant merci dans toutes les langues.

« Je suis vraiment ému et je vois l’Église vivante », a-t-il lancé en réponse aux acclamations chaleureuses de la foule, avant d’entamer sa catéchèse. À près de 86 ans, frêle mais souriant, le pape sortant a voulu laisser un message de confiance avant son départ, en assurant aux fidèles que Dieu ne laisse pas couler sa barque, même dans les eaux agitées, et que lui-même, après sa démission, il continuerait à soutenir l’Eglise par la prière. Benoît XVI est également revenu sur les raisons de sa renonciation. « Dans ces derniers mois, j’ai senti que mes forces diminuaient et j’ai demandé à Dieu, avec insistance, dans la prière de m’éclairer de sa lumière, de me faire prendre la décision la plus juste (…) J’ai franchi ce pas dans la pleine conscience de sa gravité et aussi de sa nouveauté, mais aussi dans une grande sérénité d’âme », a-t-il affirmé.

Quelque 150 000 personnes étaient rassemblées sur la Place Saint-Pierre de Rome, le 27 février.

© Tiziana Fabi/AFP

"Les eaux étaient agitées et le vent contraire"

C’est la fin de huit ans de pontificat marqué également par des « moments pas faciles », a reconnu le pape, en faisant allusion aux scandales et controverses qui ont secoué le catholicisme ces dernières années. « Les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l’histoire de l’Église, et le Seigneur semblait dormir. Mais j’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas mienne, n’est pas nôtre mais qu’elle est Sa barque et qu’Il ne la laisse pas couler », a-t-il souligné.

Rappelant qu’en devenant pape, le 19 avril 2005, un grand poids avait été posé sur ses épaules et que la dimension privée de sa vie avait été complètement supprimée, Benoît XVI a redit qu’il se retirait désormais de toute activité publique, même si un pape ne peut pas revenir à la vie privée. « Ma décision de renoncer à l’exercice actif du ministère ne change pas cela : je ne reviens pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences… Je n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je n’assume plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l’Église, mais je demeure dans le service de la prière. Saint Benoît (fondateur du grand ordre contemplatif des bénédictins) dont je porte le nom comme pape, me sera un grand exemple. Je continuerai d’accompagner le chemin de l »Église dans la prière et la réflexion », a-t-il poursuivi.

Sans cérémonie, le 28 février, Benoît XVI quittera officiellement ses fonctions. Il s’envolera par la suite en hélicoptère pour Castel Gandolfo. À partir de ce moment, il cessera officiellement d’être pape. On l’appellera désormais « Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite » ou « Sa Sainteté Benoît XVI, pontife romain émérite », a annoncé le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi.

(Avec AFP)