ONU – RDC : quel accord de paix pour les Grands Lacs ?
Onze pays africains ont signé, le 24 février à Addis-Abeba, un accord destiné à ramener la paix dans la partie est de la République démocratique du Congo, en proie à des groupes armés depuis près de deux décennies. Mais de nombreux points restent en suspens.
Après le raté de la fin de janvier, en marge du sommet de l’Union africaine (UA), cette fois-ci, c’est la bonne. Onze pays africains ont signé, le 24 février à Addis-Abeba, un accord destiné à ramener la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Les signataires ont cependant fait preuve d’un optimisme prudent, conscients qu’aucun effort de paix n’a réussi durablement depuis deux décennies dans cette partie de l’Afrique des Grands Lacs, dont les énormes ressources minières attisent les convoitises.
Que dit le document ?
Les pays de la région s’engagent « à ne pas tolérer ni porter assistance ou soutien à aucune forme de groupes armés » en RDC. Le Rwanda et l’Ouganda ont été accusés par des rapports de l’ONU de soutenir le plus lourdement armé de ces mouvements rebelles, le M23, ce que les deux pays démentent. Kigali, lui, a toujours accusé son voisin congolais de soutenir les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, un groupe armé rwandais basé dans le Kivu (est de la RDC).
Il est temps d’écrire « une page plus glorieuse que celle des deux dernières décennies, marquées par une guerre récurrente, des violations massives des droits de l’homme et le mépris de la vie humaine », a déclaré le président congolais Joseph Kabila lors de la signature de l’accord de paix. Approuvant « sans réserve » ledit accord, son homologue rwandais Paul Kagamé a, de son côté, appelé « à s’attaquer avec sincérité aux réels problèmes de droit, de justice et de développement », dans une allusion apparente à l’absence d’État de droit dans l’est de la RDC et au traitement réservé dans cette région à la minorité tutsie qui a des liens étroits avec le Rwanda voisin.
L’accord d’Addis-Abeba demande également au gouvernement congolais d’entreprendre des réformes internes, notamment dans le secteur de la sécurité. Kinshasa est appelé aussi à promouvoir les objectifs de la réconciliation, de tolérance et de démocratisation du pays, après les élections controversées du 28 novembre 2011 qui avaient consacré la réélection de Joseph Kabila pour un nouveau mandat de cinq ans.
Ce qui n’est toujours pas tranché
La question d’une force neutre à déployer le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC pour combattre les groupes armés n’a pas été tranchée. Encore moins celle de la « révision stratégique » de la mission de l’ONU sur place (Monusco), une des plus importantes au monde avec 17 000 hommes, mais qui a échoué à faire prévaloir la paix.
La Monusco sera-t-elle dotée d’un mandat beaucoup plus robuste ? La « brigade d’intervention » sera-t-elle intégrée en son sein ? Rien n’a été définitivement décidé à Addis-Abeba. Mais « le Conseil de sécurité a déjà discuté de l’idée de déployer une brigade d’intervention, cela sera encore discuté et décidé rapidement » à l’ONU, a rassuré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, estimant que la signature de cet accord devrait faciliter le processus de déploiement de forces d’intervention dotée d’un mandat d’imposition de la paix » dans la région des Grands lacs.
« Une excellente base de travail pour relancer les efforts communs de la RDC, de la région et de la communauté internationale envers une solution durable à la crise dans l’Est congolais », a déclaré pour sa part le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders. Signataire de l’accord et prêt à contribuer à la future brigade qui devrait compter 2.500 soldats au total, le président sud-africain Jacob Zuma a estimé qu’il s’agissait « d’un moyen réaliste de rétablir la sécurité dans l’est de la RDC dans les plus brefs délais ».
Les présidents de RDC, d’Afrique du Sud, du Mozambique, du Rwanda, du Congo et de Tanzanie ont fait le déplacement à Addis Abeba pour signer l’accord, également paraphé sous les applaudissements par des représentants d’Ouganda, d’Angola, du Burundi, de Centrafrique et de Zambie.
(Avec AFP)
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