Étonnants voyageurs : Brazzaville la polyglotte

Le festival de littérature Étonnants Voyageurs s’est tenu à Brazzaville, au Congo, du 13 au 17 février, réunissant quelque 80 écrivains venus du monde entier et surtout d’Afrique. Un bouillonnement d’univers littéraires à la rencontre du public… et des écrivains en herbe.

Michel Le Bris (à g) et Alain Mabanckou lors de l’ouverture du festival, le 14 février. © Guy Gervais-Kitina/AFP

Michel Le Bris (à g) et Alain Mabanckou lors de l’ouverture du festival, le 14 février. © Guy Gervais-Kitina/AFP

Publié le 17 février 2013 Lecture : 2 minutes.

L’Afrique qui vient… C’est ainsi que les organisateurs du festival de littérature Étonnants voyageurs qui s’est tenu à Brazzaville (Congo) pendant quatre jours ont décidé d’intituler leur manifestation. Sans doute fallait-il trouver un titre, alors va pour celui-là. Mais tout aussi bien aurait-on pu dire « Les Afriques en devenir », tant il est vrai que les quelque 80 écrivains venus à la rencontre des lecteurs – mais aussi des non-lecteurs – congolais représentent une somme de diversités impossible à dénombrer.

Nourris d’influences venues des quatre coins du monde, habitant ici ou là, nomades ou sédentaires, ils sont autant d’individualités uniques qu’il serait vain de vouloir entasser dans un même panier. Pour Alain Mabanckou, l’enfant du pays passé par la France et aujourd’hui installé aux Etats-Unis, « La fratrie congolaise a épousé la littérature monde dans son éclatement. C’est ici que sont nés les écrivains de l’Afrique centrale et il y avait une exigence à ramener le monde au Congo. »

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Chacun cherche sa voix

Il y avait donc du monde, et du beau monde, pour discuter avec les étudiants ou les curieux venus assister aux conférences, débats et cafés littéraires organisés entre le Palais des Congrès, le Centre culturel français, les lycées et les différents quartiers de la ville. Constamment invoqués, les morts sont là dans les paroles de leurs héritiers : Tchicaya U’Tamsi, Sony Labou Tansi, Ahmadou Kourouma. Les anciens sont là aussi, mémoires vives d’une histoire récente ou moins récente : le Sud-Africain André Brink, le Sénégalais Souleymane Bachir Diagne, les Congolais Henri Lopes et Tchichellé Tchivela…

Et puis les plus jeunes : la sensation belge David Van Reybrouck, le Sénégalais Felwinn Sarr, le Sud-Africain Niq Mhlongo, le Congolais Fiston Nasser Mwanza. Mais dans ce rassemblement hors du commun, il serait difficile de distinguer des écoles ou des tendances. Chez les écrivains comme ailleurs, l’individu reste aujourd’hui premier, chacun cherchant sa propre voix. L’ambassadeur de la République du Congo en France, Henri Lopes, déclare ainsi : « En football, on porte les couleurs d’une nation. En littérature et en art, non. »

Transmission et émotion

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Le jeune américain d’origine nigériane Teju Cole, lui, explique ainsi son désir d’écriture : « Si je suis inspiré, c’est parce qu’il existe ce miracle qui consiste à transmettre par des mots mon état d’esprit à quelqu’un qui n’est pas là et l’émouvoir. »

S’il fallait néanmoins tenter de tirer une conclusion de ce bouillonnement créatif agitant pour quelques jours le Congo, la vitalité des littératures africaines anglophones mériterait d’être soulignée. De jeunes auteurs nigérians ou d’origine nigériane comme Teju Cole, Helon Habila, Noo Saro-Wiwa ou comme le Sud-Africain Niq Mhlongo portent haut les couleurs de la langue de… Ah, Shakespeare ? Chaucer ? Hemingway ? Faulkner ? Non vraiment, ces expressions ne peuvent plus avoir cours : pour dire le réel, il y a autant de langues que d’écrivains.

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Par Nicolas Michel, envoyé spécial à Brazzaville

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