Tunisie : sous le choc, les démocrates resserrent les rangs aux obsèques de Chokri Belaïd

Les obsèques de l’opposant tunisien Chokri Belaïd se sont déroulées vendredi 8 février au sud de Tunis, en présence de plusieurs dizaines de millers de Tunisiens. L’assassinat par balles de l’homme politique et défenseur des droits de l’homme, deux jours plus tôt, est un traumatisme pour tous les démocrates du pays.

Le cercueil de Chokri Belaïd suivi par des milliers de Tunisiens à Djebel Jelloul, près de Tunis. © Fethi Belaïd/AFP

Le cercueil de Chokri Belaïd suivi par des milliers de Tunisiens à Djebel Jelloul, près de Tunis. © Fethi Belaïd/AFP

Publié le 8 février 2013 Lecture : 2 minutes.

La fatiha vient d’être récitée et la tombe de Chokri Belaïd scellée mais les voix des démocrates tunisiens sont plus audibles que jamais. Rien que dans la capitale, Tunis, ils étaient des dizaines de milliers à exprimer leur volonté de dignité, de liberté et d’égalité sociale en accompagnant vendredi le cortège funèbre du leader du Front populaire, assassiné de quatre balles à bout portant par deux inconnus, devant chez lui, le 6 février au matin.

La Tunisie est transfigurée. Il aura fallu que la violence politique fasse verser le sang pour qu’un peuple entier resserre les rangs et exige que les querelles partisanes n’empêchent pas le pays d’avancer. « Plus jamais ça », entendait-on de la part des femmes et des hommes de tous âges et de toutes origines sociales qui ont tenu, malgré le froid glacial, à rendre un dernier hommage à celui qui est devenu un symbole de la lutte pour les libertés.

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« Ce n’est plus un militant, c’est un combattant », déclaraient ses compagnons du parti El Watad tandis que Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire (FP), faisait l’éloge de son ami disparu. Dans le cimetière résonnaient des slogans scandés avec une ferveur extraordinaire. Le chagrin se lisait sur tous les visages. Même les militaires ne se cachaient pas pour pleurer.

Colère contenue

Sans rage mais avec une colère contenue, les Tunisiens ont tenu à marquer, par leur mobilisation, les lignes rouges à ne pas franchir. Les dirigeants d’Ennahdha, portés au pouvoir en novembre 2011, ainsi que toutes les autres formations islamistes, ont sûrement été surpris. Car ceux qu’ils ont parfois tendance à considérer comme quantité négligeable se sont révélés non seulement nombreux mais aussi unis.

Les islamistes devront désormais prendre en compte cette donnée. Les moins tolérants l’ont déjà fait en choisissant l’affrontement physique. Les ligues de protection de la révolution ont bien saccagé des voitures et tenté de perturber les funérailles de Belaïd, mais leur faculté de nuisance était bien faible au regard de la marée humaine qui déferlait sur le cimetière, au son de l’hymne national.

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Émouvante et éprouvante, cette journée si particulière n’était pas encore finie, à l’heure où s’écrivaient ces lignes. Les forces de l’ordre quadrillaient la ville, guettant les casseurs mais aussi les manifestations spontanées, alors que la grève générale était scrupuleusement observée dans tout le pays.

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Par Frida Dahmani, à Tunis

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