RDC – M23 : un petit pas dans les négociations de Kampala

Deux mois après le début des pourparlers de Kampala entre le gouvernement de RDC et les rebelles du M23, un compromis a (enfin) été trouvé sur le premier point inscrit à l’ordre du jour : l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009. Mais les deux parties sont loin de partager la même interprétation du document qu’elles ont signé…

La délégation du M23 aux négociations de paix à Kampala en Ouganda, le 11 décembre 2012. © Isaac Kasamani/AFP

La délégation du M23 aux négociations de paix à Kampala en Ouganda, le 11 décembre 2012. © Isaac Kasamani/AFP

Publié le 7 février 2013 Lecture : 2 minutes.

À Kampala, les négociations entre le gouvernement congolais et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) progressent très lentement, sans que les deux protagonistes aient la même lecture de leurs (minces) avancées. Mercredi 6 février, ils ont adopté un texte sur l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009, signé à l’époque entre la RDC et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), accord dont le M23 réclamait l’application effective.

Le document adopté indique que sur les 35 clauses dudit accord, « 23 dispositions ont été pleinement (15) ou partiellement (8) mises en œuvre, 12 dispositions ont été exécutées de manière inadéquate ou n’ont pas été exécutées du tout ». S’ils sont d’accord sur ce constat, chaque camp essaye de tirer la couverture à lui. Pour la délégation du M23, ce rapport « valide la légitimité de [ses] revendications ». Bertrand Bisimwa, le porte-parole de la rébellion, parle même d’une « victoire de la réalité sur l’apologie du mensonge » du gouvernement congolais.

S’ils sont d’accord sur ce constat de désaccord, chaque camp essaye de tirer la couverture à lui.

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« Nous pensons que cet accord va bannir l’expression de "forces négatives" dans le vocabulaire de Kinshasa pour nous qualifier car, on ne passe pas d’accord avec des forces négatives ou des groupes criminels à moins d’être soi-même un groupe criminel », commente-t-il. Pas sûr que les autorités congolaises l’entendent de cette oreille.

« Ce n’est pas le fait qu’un malfrat est entendu devant les juges qui l’exonère de ses crimes », répond Lambert Mende. Le porte-parole du gouvernement congolais considère que l’évaluation de l’accord du 23 mars a démontré plutôt « la bonne foi » de Kinshasa, parce qu’il ne restait plus que 12 dispositions à mettre en œuvre, notamment le retour des réfugiés et la création d’une police de proximité. « Une question de temps et de moyens », explique Lambert Mende, qui souligne que « toutes ces raisons ne peuvent justifier la rébellion du M23 ».

Menaces de reprise du conflit

Quoi qu’il en soit, l’accord n’éloigne pas vraiment la menace d’une reprise du conflit. « La situation sur le terrain est très délicate, affirme Bertrand Bisimwa. La zone tampon de 6 kilomètres que nous avions demandée n’est toujours pas en place. Il suffirait d’une étincelle, d’un acte isolé pour que les combats reprennent. Malheureusement, aujourd’hui, tout est possible. » Et ce même si l’heure reste aux pourparlers.

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Après le compromis sur le premier point à l’ordre du jour, la route vers une paix durable est encore longue. Les protagonistes doivent désormais aborder les autres points inscrits à l’ordre du jour du dialogue, et s’atteler notamment aux questions sécuritaires, politiques, économiques et sociales, mais en « comités techniques restreints ». Car selon des sources proches de la délégation congolaise à Kampala, le nombre de délégués de chaque composante a été « sensiblement » réduit pour des « raisons budgétaires ».

Le gouvernement congolais qui prend en change ces assises (frais d’hébergement, per diem d’au moins 150 dollars par délégué…) aurait déjà accumulé 17 jours de retard dans le paiement de frais de séjour aux participants. Des problèmes financiers qui risquent de court-circuiter ces négociations interminables dans la capitale ougandaise.

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Par Trésor Kibangula (@Trésor_K) et Pierre Boisselet (@PierreBoisselet)

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