Quelle force onusienne pour le Mali ?
La France et les États-Unis ont clairement exprimé, lundi 4 février, leur préférence pour la transformation de la Misma en une force onusienne, qui pourrait intégrer des soldats français et tchadiens. Le Mali y est favorable mais se méfie de ce qui pourrait vite devenir un dispositif lourd et peu efficace face à des jihadistes déterminés.
Au siège des Nations unies, à New-York, on s’interroge sur le meilleur moyen de venir en aide au Mali. Arrivé à Bamako le 19 janvier, le Mozambicain João Bernardo Honwana, directeur de la section Afrique de l’Ouest et du département des Affaires politiques, s’efforce de trouver la bonne formule avec des autorités maliennes méfiantes.
Car si ces dernières souhaitent que les troupes ouest-africaines de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) passent sous mandat onusien, elles redoutent de se retrouver avec un dispositif lourd, budgétivore et peu efficace, type Onuci (Côte d’Ivoire) ou Monusco (RDC). Interrogé lundi 4 février sur l’éventualité de la création d’une force onusienne de maintien de la paix, le chef de la diplomatie malienne, Tiéman Coulibaly, s’est montré circonspect. « Maintien de la paix, pour quel objectif ? » a-t-il demandé.
Pas de "maintien de la paix" avec des terroristes
« Aujourd’hui, nous combattons le terrorisme. La Misma est une mission d’assistance au Mali. Si elle doit être transformée en force de maintien de la paix, il faut définir entre qui et qui. Maintenir la paix entre le Mali et des terroristes ? Non. Et des négociations avec des terroristes sont hors de question », a-t-il ajouté. Les négociations ne font que commencer mais l’implication de l’ONU comporterait de nombreux avantages. La France et les États-Unis ont en tout cas déjà clairement montré leur préférence.
« Nous sommes tombés d’accord sur le fait que la force africaine au Mali soit aussi rapidement que possible placée sous l’autorité de l’ONU », a déclaré Joe Biden lors d’une conférence de presse avec François Hollande, lundi 4 février à Paris. Le président français souhaite lui aussi une force de « maintien de la paix » dans le cadre de ce que l’ONU avait autorisé : une force africaine (de 3 300 hommes) avec soutien logistique des pays occidentaux volontaires et une formation de l’Union européenne. L’entrée en guerre de la France au Mali avec l’opération Serval, le 11 janvier, avait cependant changé la donne.
Présence française
Mais le cadre onusien serait le seul possible pour assurer et légitimer une continuité de la présence des troupes françaises au Mali. Paris pourrait contribuer au nouveau dispositif sous la forme d’une force de réaction rapide basée à Bamako, et avec des forces spéciales au Nord-Mali. « Nous jouerons à ce moment notre rôle évidemment », a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, au sujet de l’éventuelle force de Casques bleus. « Toute la question est de savoir combien d’hommes (français) on va laisser, c’est au cœur des discussions à venir », explique-t-on à Paris.
L’entourage du Premier ministre malien, Diango Cissoko, se montre sur ce dernier point optimiste, le secrétaire général adjoint chargé du maintien de la paix étant le Français Hervé Ladsous. Autre avantage d’une force onusienne : elle offrirait un cadre stable au contingent de soldats tchadiens (non membre de la Cedeao) qui prend part aux opérations militaires avec ce qui reste de l’armée malienne, sous-équipée et en manque de formation et d’entraînement, alors que les forces africaines de la Misma commencent à peine à arriver sur le terrain – il faudra beaucoup de temps pour qu’elles soient opérationnelles.
Enfin, dernier atout d’un mandat de l’ONU – et non des moindres : l’aspect financier. Une mission de Casques bleus est automatiquement financée par le budget de l’ONU, et non par des donations de pays volontaires.
(Avec AFP)
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