40e festival de la BD d’Angoulême : Willem et Blain récompensés, l’Asie à l’honneur

Willem, dessinateur de presse à Libé et Charlie Hebdo, a remporté, dimanche 3 février, le Grand prix de la 40 édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (France) pour l’ensemble de sa carrière de satiriste. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a salué « le grand Willem (…) trait d’union entre le dessin de presse et le 9e art, deux genres auxquels il apporte son regard caustique et libre ».

Autre distinction prestigieuse, le Prix du meilleur album a été remis à Christophe Blain pour le second tome de Quai d’Orsay, chroniques diplomatiques, immersion hilarante dans les arcanes de la diplomatie française. Le dessinateur est venu récupérer son prix sur scène accompagné du scénariste Abel Lanzac, qui en a profité pour révéler sa véritable identité : Antonin Baudry. Au ministère des Affaires étrangères, il fut l’une des plumes de Dominique de Villepin, qui a largement inspiré l’ouvrage. Prochaine étape pour cette BD, son adaptation au cinéma par le réalisateur Bertrand Tavernier avec le comédien français Thierry Lhermitte dans le rôle principal.

Sensation coréenne

Dans la fraîcheur hivernale d’Angoulême les amateurs de bandes dessinées ont pu se réchauffer pendant quatre jours dans les « bulles » – stands d’exposition – disséminées un peu partout dans la ville. Si l’Afrique était assez peu présente – excepté pendant la projection en avant-première de l’excellente adaptation cinématographique de Aya de Youpougon – le continent asiatique était à l’honneur, notamment avec une bel espace consacré à l’incroyable production coréenne. Les festivaliers ont pu ainsi découvrir les webtoons, ces BD nées sur internet dans les années 90, conçues au départ comme des journaux intimes dessinés, puis devenus un genre à part entière très populaire.

Plus traditionnels, à quelques pas des webtoons, une quinzaine d’auteurs coréens exposaient leur planches, donnant à voir une production vertigineuse, capable d’embrasser une infinité de thématiques politiques et sociales. La présence de deux maîtres de la BD coréenne, Lee Doo-ho et Kim Dong-hwa, fut l’un des enchantement du festival. Enfin, l’autre grand gagnant de cette 40e édition est asiatique lui aussi, puisque c’est le japonais Akira Toriyama, père de Dragon Ball, qui a été récompensé du Prix spécial du 40e Festival.

Polémique

Mais la fête n’a pas été si parfaite que cela. Cette année le festival avait pourtant choisi d’innover en faisant voter les 1 500 auteurs présents au festival. À partir de cette liste, le jury, lui même composé de 15 auteurs, devait statuer. Mais si l’on en croit les tweets du dessinateur Lewis Trondheim, membre du jury, l’élection de Willem aurait été faite par défaut : 

La majorité de l’Académie atteint son seuil de compétence en élisant le seul auteur connu(excellent neanmoins)par elle twitter.com/lewistrondheim…

— lewistrondheim (@lewistrondheim) 3 février 2013

Certains membres du jury n’auraient-ils pas lu les monuments du 9e art que sont Alan Moore (The watchmen, V pour vendetta…), Chris Ware ou encore Akira Toriyama ? Mystère et bulles de gommes.