Canada : haro sur la corruption québécoise

Montréal, ville de festivals, de neige et de dédales souterrains ? Plutôt le haut lieu de la corruption au Québec, où les révélations sur l’infiltration de l’économie légale éclaboussent la classe politique.

Gérald Tremblay, ex-maire de Montréal. © AFP

Gérald Tremblay, ex-maire de Montréal. © AFP

Publié le 4 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Croulant sous les allégations de corruption, le maire de Montréal Gérald Tremblay a été forcé de remettre sa démission au dernier trimestre. Le politicien déchu aurait sciemment fermé les yeux devant les preuves et l’étendue de la corruption qui rongeait une partie de son administration. Deux autres maires de la région montréalaise, soupçonnés d’avoir trempé dans des malversations, ont eux aussi préféré se désister de leurs fonctions. La cause de leur embarras : la commission d’enquête publique sur la corruption dans l’industrie de la construction au Québec (CEIC), dont les travaux ont officiellement débuté en septembre, à Montréal.

Au cours des trois dernières années au Québec, il ne s’est pratiquement pas écoulé une seule semaine sans qu’un nouveau chapitre sur la corruption ne soit écrit. Las de ce vaudeville de bas étage, la population n’a eu de cesse d’exiger la création d’une commission d’enquête. Le Premier ministre de l’époque, Jean Charest, a obtempéré en octobre 2011, nommant à sa tête la chevronnée juge de la Cour supérieure du Québec, France Charbonneau.

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L’équipe de la magistrate s’attaque à une tâche délicate : faire la lumière, d’ici la fin de l’année en cours, sur la gestion des contrats de travaux publics dans le secteur de la construction. Les audiences télévisées, très suivies depuis le début des travaux de la CEIC, ont permis aux  Québécois de découvrir l’existence d’un système de corruption bien huilé, en marche depuis une quinzaine d’années et ce, sous l’œil bienveillant de fonctionnaires et d’élus peu scrupuleux.

Infiltration

À la mairie de Montréal, ce serait la mafia sicilienne qui sévirait depuis les années 1990. Une poignée d’entrepreneurs liés au crime organisé auraient ainsi formé le « cartel des égouts » pour se répartir entre eux, et avec la complicité d’ingénieurs municipaux, les lucratifs contrats de réfection des voies publiques.  

Mais le scandale toucherait aussi la classe politique de la province et certains grands syndicats. Argent sale dans les caisses de partis, séjours de hauts dirigeants sur le yacht d’un ex-entrepreneur épinglé par le fisc, favoritisme dans les crèches pour les amis du parti au pouvoir ; les scandales se succèdent à un point tel que le magazine canadien Maclean’s a déjà taxé le Québec de province la plus corrompue du pays.

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Les travaux de la commission, qui a fait relâche pour la période des fêtes, ont recommencé le 21 janvier, et les démissions fracassantes risquent bien, elles aussi, de s’enchaîner les unes après les autres. De grosses pointures de la classe politique, dont une ancienne ministre de l’Éducation du gouvernement, seraient dans la ligne de mire des procureurs de la CEIC pour une affaire de financement illicite versé par des entrepreneurs mafieux.

Tous les regards seront rivés sur la juge Charbonneau, qui devra non seulement dénouer les ficelles de ce système de corruption mais aussi redonner confiance dans leurs institutions aux Québécois, échaudés par tant d’impunité.

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