Centrafrique : à quoi joue la Séléka ?

Le gouvernement centrafricain a accusé, mercredi 23 janvier, les rebelles de la Séléka d’avoir attaqué de nouvelles villes. La coalition opposée à François Bozizé semble en proie à de fortes dissensions internes.

Michel Djotodia, leader de la Séléka. © AFP

Michel Djotodia, leader de la Séléka. © AFP

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Publié le 23 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour le 24/01/13 à 8h35

Voici qui ne va pas faciliter la tâche du nouveau Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye. « Malgré l’accord de Libreville [signé le 11 janvier, ndlr], malgré le cessez-le-feu, la coalition Séléka continue sa conquête, attaquant notamment une zone d’extraction de diamants à Dimbi et la ville de Kembé dans le centre-sud, attaques suivies de pillages, de destruction d’édifices publics et d’assassinats », a affirmé, mercredi 23 janvier dans un communiqué, le porte-parole du ministère de la Défense Jean Ladawa. Selon le texte, des troupes de la Séléka ont également fait une incursion dans le parc d’Awakaba, au nord.

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Le calme est en revanche revenu à Bangassou (sud-est), après que des informations faisant état d’une avancée rebelle ont provoqué la panique de la population. « Certaines sources affirment même que quelques éléments rebelles s’étaient déjà infiltrés dans la ville sur des motos et préparaient la prise de la ville », a témoigné un religieux joint mercredi par le Réseau des journalistes pour les droits de l’homme en RCA.

Consultations

Des attaques encore non confirmées, qui interviennent alors que Nicolas Tiangaye mène depuis le début de la semaine de difficiles consultations pour la formation du gouvernement d’union nationale. « La nouvelle conquête provoquée par la Séléka a constitué l’un des points épineux débattus au cours de son entretien avec le Premier ministre, a fait remarquer le porte-parole de la majorité présidentielle, Cyriaque Gonda. Ces violations des droits de l’homme ne vont pas dans le sens de l’accord de paix signé le 11 janvier dernier à Libreville. Un accord qui a prévu de garder la sérénité, activer le retrait, ou le cantonnement des rebelles, donc de s’abstenir de toutes exactions. Une manière de pouvoir former un gouvernement d’Union nationale pour un retour définitif de la paix dans le pays ».

Ces accusations n’ont pour le moment pas été démenties par la Séléka. Elles sont surprenantes tant son leader Michel Am Nondroko Djotidia semble jouer la carte du dialogue depuis les accords de Brazzaville. Si ces nouvelles attaques étaient confirmées, elles pourraient s’expliquer par des divisions au sein de la Séléka, alors que Djotodia effectue depuis mardi 22 janvier une tournée dans les zones tenues par ses hommes afin de leur expliquer le contenu de l’accord de Brazzaville.

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Crise latente

Deux groupes rebelles membres de la coalition rebelles mais n’ayant pas participé aux négociations, le Front pour la démocratie du peuple centrafricain (FDPC), que dirige le général Abdoulaye Miskine, et l’A2R (Alliance pour la renaissance et la refondation), s’en sont déjà désolidarisés et continuent de demander le départ de François Bozizé. « La crise a été étouffée, mais aucune solution n’a été trouvée », expliquait le commandant Armel Sayo, membre du FDPC, au lendemain de l’accord.

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Et selon un membre de la rébellion, les troupes sur le terrain auraient également du mal à accepter la décision des leaders de la Séléka. « Djotodia va avoir du mal à les convaincre du bien-fondé de cet accord », prévient-il sous couvert d’anonymat.

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Par Vincent Duhem (@vincentduhem)
 

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