Deux journalistes tanzaniens retrouvés morts en quatre mois
Issa Ngumba est le deuxième journaliste tanzanien tué en quatre mois dans ce pays, pourtant connu pour être l’un des plus respectueux de la liberté des médias, en Afrique.
Les blessures visibles sur le corps du correspondant de la radio communautaire Kwizera ne laissent aucun doute à la police : il s’agit d’un acte criminel. Le corps d’Issa Ngumba a été retrouvé le 8 janvier dans la forêt de Kajuluheta (nord du pays). Il portait les stigmates d’une blessure par balle au bras et serait mort par strangulation ou pendaison. « La scène de crime montre clairement que des hommes se sont battus », affirme le commandant de la police régionale, Frasser Kashai. Un pistolet avec sept balles et un téléphone portable ont été ramassés sur les lieux du crime.
Pour les médias locaux, ce meurtre serait lié à une affaire révélée par le journaliste en novembre dernier. Dans son reportage, Issa Ngumba mettait en cause un propriétaire terrien dans une affaire de meurtre. Si l’homme en question a été arrêté par la police, il bénéficie néanmoins d’un soutien important dans la région de Kakongo. Les révélations d’Issa Ngumba auraient donc pu en offenser plus d’un.
À l’annonce de sa mort, l’émotion était vive en Tanzanie : Issa Ngumba est le deuxième journaliste tué en quatre mois. Le 2 septembre dernier, lors d’une manifestation à Nyolo, dans la région d’Iringa (centre), Daudi Mwangosi a été roué de coups par des policiers avant d’être mortellement blessé par balle. Le suspect, un agent de police a été arrêté et l’enquête est toujours en cours.
Vives inquiétudes dans le monde de la presse
Face à ce deuxième meurtre, l’ONG Reporters sans frontières s’inquiète : « La mort d’un second journaliste dans l’un des pays les plus sûrs d’Afrique pour les médias retentit comme un véritable signal d’alerte (…) Il est nécessaire pour la liberté de l’information en Tanzanie que [l’enquête] qui vient d’être ouverte porte rapidement ses fruits et aboutisse à l’arrestation du ou des meurtriers. » L’ONG avait pourtant placé la Tanzanie à la 34è place sur 179 pays en matière de liberté des médias, dans son classement de 2011-2012, juste après le Portugal et avant la France (38è). Reporters sans frontières note toutefois avec satisfaction la rapidité avec laquelle les autorités tanzaniennes ont lancé les enquêtes.
Mais les journalistes tanzaniens s’interrogent sur leurs conditions de travail : « Il est nécessaire de mettre en place des formations à la sécurité à destination des journalistes », revendiquait le Forum des éditeurs de Tanzanie au quotidien national The Citizen, en réaction à la mort d’Issa Nguma.
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