Mali : après l’offensive jihadiste, Dioncounda Traoé demande une aide militaire à la France

Après la chute de Konna et face à l’inquiétante progression des islamistes radicaux vers Mopti, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a officiellement sollicité une aide militaire de la France pour contrer l’offensive jihadiste. Il doit s’adresser à la nation, dans la soirée du vendredi 11 janvier, à la télévision nationale. Sur le terrain, des renforts sont venus grossir les rangs de l’armée malienne à Sévaré.

Des islamistes du groupe terroriste d’Ansar Eddine dans le nord du Mali. © AFP

Des islamistes du groupe terroriste d’Ansar Eddine dans le nord du Mali. © AFP

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Publié le 11 janvier 2013 Lecture : 4 minutes.

Le geste en dit long sur l’urgence de la situation au Mali. Quelques heures à peine après la chute de Konna aux mains des islamistes radicaux, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a demandé, jeudi 10 janvier, une aide militaire rapide de la France pour repousser la progressions des groupes jihadistes.

Jeudi soir, des consultations sur le Mali ont eu lieu au Conseil de sécurité. « Les décisions françaises seront annoncées à Paris demain (vendredi, NDLR) », a déclaré l’ambassadeur français auprès de l’ONU Gérard Araud.

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La demande d’aide malienne est contenue dans deux lettres. L’une est adressée au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et l’autre au président français François Hollande. Selon des diplomates du Conseil de sécurité, la lettre adressée aux autorités françaises est une « demande d’aide militaire ». « La France est l’amie du Mali et se tient aux côtés de son peuple et de ses autorités, en particulier dans les circonstances actuelles », s’est contenté de souligner Gérard Araud.

De son côté, le gouvernement malien a annoncé que le président Traoré s’adressera vendredi à la Nation. Selon une source au palais de Koulouba, cette intervention, diffusée à la télévision publique ORTM, est prévue à 20h00 GMT.

Dans une déclaration adoptée jeudi par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité a demandé un « déploiement rapide » de la force internationale au Mali devant « la grave détérioration de la situation sur le terrain ». Il a en outre appelé les États membres à « aider les forces de défense et de sécurité maliennes à réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés » qui contrôlent le nord du pays.

Urgence

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« Pour le moment, le Conseil a envoyé un message pour dissuader les terroristes d’avancer vers le sud du Mali, en direction de la capitale Bamako », a déclaré M. Araud, qualifiant cette offensive des groupes islamistes d’attaque terroriste. « Si ce message n’est pas entendu, a-t-il ajouté, le Conseil pourrait se réunir de nouveau ce week-end pour réagir plus fermement. La survie du gouvernement malien et la protection des civils sont désormais en jeu, il est donc urgent d’agir contre cette menace ».

Pour l’ambassadeur français, la percée des islamistes, qui ont pris jeudi la localité de Konna (centre), peut être interprétée comme « soit une démonstration de force dans le cadre de la négociation politique, soit une décision d’avancer vers le Sud avant l’arrivée de la force africaine ». Le déploiement de cette force de quelque 3 000 hommes a été autorisée par le Conseil de sécurité le 20 décembre prendra dans les faits plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

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L’ambassadrice américaine Susan Rice a également indiqué que Bamako avait demandé un soutien extérieur, en particulier de la part de la France. Décrivant la lettre du président Traoré à François Hollande, elle a expliqué : « Elle disait en résumé : "au secours la France" ! ». « Il y a eu au sein du Conseil un consensus clair sur la gravité de la situation et le droit des autorités maliennes de rechercher toute l’assistance possible », a-t-elle ajouté.

Renforts

Par ailleurs, l’armée malienne organise la résistance dans la région de Mopti. Jeudi, des avions militaires transportant des armes et des soldats étrangers sont arrivés à Sévaré, l’armée dispose d’un aéroport gros porteur et d’un poste de commandement opérationnel. Aucune indication précise n’a toutefois pu être obtenue sur le nombre et la provenance de ces avions, armes et soldats étrangers.

Un des témoins travaillant à l’aéroport a évoqué la présence de Blancs parmi les soldats. « J’ai vu atterrir des cargos C-160 (avions de transport militaire, NDLR). Ils ont débarqué des armes et des hommes. Certains hommes avaient la peau blanche », a affirmé ce travailleur de l’aéroport de Sévaré (plus de 650 km au nord de Bamako).

« Les avions ont fait plusieurs rotations à l’aéroport de Sévaré où ils ont déposé du matériel et des hommes », a expliqué un autre travailleur de l’aéroport. Un troisième témoin a signalé la présence, parmi les avions arrivés jeudi, d’un appareil de l’armée malienne, sans en préciser le type. Sollicité par l’AFP au sujet de ces informations, le ministère malien de la Défense a répondu qu’il apporterait les éclaircissements nécessaires lors d’une conférence de presse prévue vendredi.

L’arrivée d’hommes et d’avions à Sévaré a été confirmée par un responsable malien. Selon lui, en plus de l’avion de l’armée malienne, évoqué par un des témoins, des avions d’un pays européen non précisé se sont également posés avec des hommes et du matériel à Sévaré. D’après un expert international, il s’agit d’une mission d’assistance qui était prévue avant les récents affrontements entre militaires et islamistes.

(Avec AFP)
 

 

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