Centrafrique : la rébellion peut-elle renverser le régime du président François Bozizé ?
Environ deux semaines après avoir lancé leur offensive, les rebelles de la coalition Séléka menacent plus que jamais le régime centrafricain. Aux abois, le président François Bozizé a demandé le soutien du Tchad, son fidèle allié, et de la France.
Plus les jours passent, et plus les rebelles de la coalition Séléka menacent le régime du président centrafricain François Bozizé. Dans un communiqué publié mercredi 26 décembre, la rébellion a demandé aux partisans du pouvoir et aux soldats de déposer les armes. La coalition a assuré ne pas vouloir s’emparer de la capitale Bangui, considérant inutile de livrer bataille face à un président, qui, selon elle, « a déjà perdu le contrôle du pays ».
Après avoir déclaré, lundi, « l’arrêt de ses opérations », la rébellion a repris son offensive le lendemain et s’est emparée hier de Kaga Bandoro. Cette ville située dans le centre-nord du pays à environ 340 km de Bangui est le quatrième chef-lieu de préfecture à être attaqué et occupé, après Ndélé (Nord), Bria (Centre), et Bambari (Centre-Sud), depuis le début de son offensive le 10 décembre. La rébellion est désormais présente sur une bonne moitié nord-est du territoire.
À chaque offensive de la Séléka, l’armée centrafricaine a opposé peu résistance, démontrant sa faible capacité de riposte, en particulier au moment de la prise ultra-rapide de Bambari, qui était pourtant l’une de ses places fortes. La prise de Kaga Bandoro s’est faite presque sans un coup de feu, les Forces armées centrafricaines (FACA) avaient abandonné la ville dès lundi soir pour se regrouper à Dékoa, au sud.
État des forces en présence, sur le territoire centrafricain
(Cliquez sur les pictogrammes pour voir l’avancée des rebelles)
Afficher Avancée des rebelles de la coalition Séléka sur une carte plus grande
Destabilisé, le régime de Bangui s’en remet à ses alliés, et a demandé à la France et aux États-Unis d’intervenir militairement pour stopper l’avancer des rebelles. Après l’attaque de son ambassade, le 26 décembre, Paris a annoncé le déploiement d’un détachement des forces militaires françaises présentes à Bangui, dans le cadre de la mission Boali, pour sécuriser l’enceinte de la représentation française dans la capitale centrafricaine.
« Si nous sommes présents, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays », a précisé jeudi le chef de l’État français, François Hollande. « Ce temps-là est terminé", a-t-il déclaré.
Le Tchad et les voisins au secours de Bozizé, jusqu’à quand ?
Des troupes tchadiennes ont en revanche été envoyées par le président tchadien Idriss Déby Itno. Le contingent est arrivé en Centrafrique le 18 décembre. Une partie est basée à Sibut (200 soldats), dernier bastion avant Bangui, à environ 5 heures de route de Kaga Bandoro. Quelque 150 autres soldats sont stationnés à Bossangoa. Des troupes tchadiennes sont également présentes dans la capitale Bangui.
Soutien historique de la Centrafrique, le Tchad est déjà intervenu militairement chez son voisin pour soutenir le président François Bozizé et combattre des rebelles dans le nord du pays, en 2010. Mais les relations entre les deux chefs d’État ne sont pas au beau fixe. Déby insiste depuis plusieurs mois sur l’urgence de la situation et avait prévenu son ami centrafricain de la puissance de la rébellion Séléka. Ces derniers temps, il ne cachait pas son impatience face à son voisin jugé de plus en plus imprudent. Les progrès des rebelles en Centrafrique menacent en effet la stabilité de toute la région, à commencer par le Tchad.
Parallèlement, la force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC), qui compte plusieurs centaines de militaires présents en Centrafrique, va envoyer de nouvelles troupes pour sécuriser la capitale, a annoncé jeudi son commandant, le Général Jean-Félix Akaga. « Bangui est sécurisée au maximum par les troupes (de la FOMAC), mais d’autres vont arriver pour renforcer cette mission de sécurisation » de la capitale, a déclaré le Général Akaga à la radio nationale centrafricaine.
Cette force multinationale, mise en place en 2008, avait pour mission d’aider à consolider la paix dans le pays miné par des années de guerre civile et de nombreuses rébellions. Elle a compté jusqu’à 500 soldats en provenance du Gabon, de République démocratique du Congo, du Tchad et du Cameroun. Elle avait commencé à se retirer progressivement de la Centrafrique, qu’elle était censée quitter définitivement avant le 31 décembre 2013.
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Vincent Duhem (@vincentduhem)
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