Qui se cache derrière le groupe jihadiste nigérian Ansaru ?

L’ingénieur français enlevé mercredi 19 décembre à Rimi, dans le nord du Nigeria, est aux mains du groupe islamiste radical Ansaru. Né il y a moins d’un an dans l’ombre de la célèbre secte islamiste Boko Haram, ce nouveau groupe jihadiste nigérian n’en est pas à son premier coup d’essai.

Ansaru a revendiqué l’enlèvement de l’ingénieur français à Rimi. © Capture d’écran/Youtube

Ansaru a revendiqué l’enlèvement de l’ingénieur français à Rimi. © Capture d’écran/Youtube

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Publié le 24 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Ansaru « annonce au monde, et surtout au gouvernement français, être responsable de l’enlèvement de l’ingénieur Francis Collomp (…), 63 ans, qui travaille pour l’entreprise française Vergnet ». Dimanche 23 décembre, le groupe islamiste radical nigérian Ansaru fait parvenir un communiqué à la presse locale. Il y revendique le rapt de l’ingénieur français Francis Collomp, enlevé mercredi dernier dans sa résidence à Rimi, dans l’État de Katsina, où il travaillait pour la société française d’éoliennes Vergnet.

Les auteurs de l’enlèvement expliquent leur geste par « le rôle majeur de la France » dans la préparation d’une intervention militaire internationale au Nord-Mali. Ils invoquent également la « position du gouvernement français et des Français vis-à-vis de l’islam et des musulmans », pointant notamment du doigt la loi interdisant le port du voile intégral.

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Le groupe Ansaru termine son communiqué d’un ton menaçant. Il informe qu’il va « continuer à lancer des attaques contre le gouvernement français et les citoyens français (…) en particulier en Afrique noire, tant qu’il ne changera pas sa position sur ces deux sujets. »

  • Qui se cache derrière Ansaru ?

L’apparition officielle d’Ansaru remonte au début du mois de juin 2012. Son premier communiqué, diffusé le 3 juin, indique que le vrai nom du groupe est Jama’atu Ansarul Muslimina Fi Biladi Sudan (« L’avant-garde pour la protection des musulmans en Afrique noire »). Leur logo est un Coran entouré de deux fusils. Sur chaque fusil, des drapeaux noirs, sur lesquels sont inscrits « Il n’y a de Dieu qu’Allah est Mohammed est son Prophète ».

Le groupe Ansaru est une faction dissidente de la secte islamiste Boko Haram, organisation terroriste responsable de centaines de morts au Nigeria depuis 2009. Il est dirigé par un personnage encore méconnu, Abu Ussamata Al Ansari. Comme Boko Haram, Ansaru se bat pour l’instauration d’un État islamique dans le nord du Nigeria. « Nous sommes engagés dans la même bataille, mais avec différents leaders », affirme le communiqué. Ansaru affiche toutefois quelques différences avec la secte islamiste, se voulant par exemple moins radical sur certaines questions idéologiques.

  • Quelles sont les revendications d’Ansaru ?

Ansaru se présente avant tout comme une force de défense des intérêts musulmans. Ses membres affirment lutter contre les injustices et les actes terroristes perpétués contre les musulmans au Nigeria et en Afrique. Dans son communiqué officiel, Usamata Al Ansari justifie notamment son engagement par les manquements de l’État nigérian, selon lui incapable de défendre les musulmans dans les violences inter-religieuses avec les chrétiens.

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Un autre objectif du groupe Ansaru est de retrouver la « dignité perdue des musulmans d’Afrique noire ». Il souhaite un retour aux temps glorieux du califat de Sokoto, ancien empire islamique peul créé au début du XIXe siècle par Usman Dan Fodio et qui s’étendait du Niger au Cameroun en passant par le nord du Nigeria.

  • Quels sont les principaux faits d’armes d’Ansaru ?

Le 8 mars 2012, deux otages européens (un Italien et un Britannique) sont tués dans un raid tentant de les libérer à Sokoto, dans l’extrême nord-ouest du Nigeria. Londres avait alors accusé une faction du groupe islamiste Boko Haram, qui pourrait être Ansaru, d’être responsable de l’enlèvement des deux ingénieurs.

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Plus récemment, le groupe Ansaru a revendiqué l’attaque commise le 26 novembre contre le quartier général de la Brigade spéciale anti-vol (Sars) à Abuja. Un groupe d’hommes armés avaient alors pris d’assaut le bâtiment, tuant deux policiers et libérant cinq détenus islamistes.

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Benjamin Roger (@benja_roger)
 

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