Une réunion de Nida Tounès prise d’assaut par des miliciens pro-islamistes

Une réunion publique de Nida Tounès, le parti d’opposition fondé par l’ancien Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, a été interrompue par des manifestants pro-islamistes, le 22 décembre, à Djerba.

Une réunion du parti de Béji Caïd Essebsi prise d’assaut le 22 décembre. © Ons Abid, JA

Une réunion du parti de Béji Caïd Essebsi prise d’assaut le 22 décembre. © Ons Abid, JA

Publié le 23 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

La réunion que devait tenir, hier, samedi 22 décembre, Nida Tounès à l’hôtel Pasino, sur l’île de Djerba, a été interrompue par l’intrusion de membres de la Ligue de protection de la révolution (LPR) munis d’armes blanches et de pierres. Les manifestants se sont d’abord massés devant l’hôtel avant de franchir le cordon policier et de pénétrer dans la salle où les militants de Nida Tounès tenaient leurs travaux.

Cette association, qui opère en faisant usage de violence et en appelant à la haine, est une milice proche des islamistes et du Congrès pour la république (CPR). Elle a joué un rôle dans le décès, le 18 octobre, de Lotfi Naguedh, représentant de Nida Tounès à Tataouine. Naguedh était décédé en marge d’affrontements entre ses partisans et ceux d’Ennahdha (parti au pouvoir). Béji Caid Essebsi avait qualifié son lynchage « d’assassinat politique » et c’est d’ailleurs pour marquer la fin du deuil de 40 jours que le parti se réunissait à Djerba, ce 22 décembre.

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Hier, la LPR vient de faire une nouvelle démonstration de sa force en prenant en otage plusieurs centaines de congressistes de Nida Tounès, dont des chefs de partis politiques et des journalistes. Pendant plusieurs heures, les congressistes ont été empêchés de sortir de la salle de l’hôtel Pasino. Le ministre de l’Intérieur, Ali Laarayedh (Ennahda), bien qu’informé n’a pas donné l’ordre d’évacuer la salle. Ce n’est qu’après l’intervention de son homologue de la Défense, Abdelkarim Zbidi (indépendant), que les congressistes ont pu bénéficier d’une protection.

« Je n’aurais pas cru vivre cela dans une Tunisie post-révolutionnaire », a déclaré le patron du parti, l’ex-Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, tandis que Mondher Belhaj Ali, membre du bureau de Nidaa Tounes affirmait : « C’est un jour triste pour mon pays. Les principes de la révolution ont été trahis comme l’a été aussi l’esprit de tolérance qui a prévalu en Tunisie depuis des millénaires. On a porté atteinte  à la liberté d’expression, seul acquis de la révolution. Désormais, un despotisme nouveau s’installe à visage découvert. Ennahda s’avère au vu et au su de tous comme le véritable danger qui guette notre pays. »

Composée de militants islamistes mais aussi d’anciens membres du parti de Ben Ali, la LPR a fomenté, le 4 décembre, les violentes attaques de l’Union générale du tunisienne du travail (UGTT) qui ont failli provoquer une grève générale le 13 décembre.
Cette ligue prétend assainir le pays de la corruption, des proches de l’esprit bourguibien et de tout ce qui se mettrait sur le chemin des islamistes. Menaces, violences verbales ou physiques… elle utilise tous les moyens d’intimidation contre les opposants, mais elle provoque aussi le gouvernement qui fait preuve à son encontre du même laxisme qu’avec les salafistes.

L’opposition, les syndicats et une partie de la société civile demandent ardemment la dissolution de la LPR, dont les agissements provoquent une nouvelle crise dans le pays.

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Frida Dahmani, à Tunis

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