RDC : le président Kabila fait de la « défense de la patrie » sa priorité

Le président congolais Joseph Kabila a déclaré samedi 15 décembre à Kinshasa que « désormais notre priorité sera la défense de la patrie » face à la rébellion qui déstabilise l’est de la République démocratique du Congo et à la « guerre d’agression » menée par le Rwanda allié aux insurgés.

e président congolais Joseph Kabila, le 15 décembre. © AFP

e président congolais Joseph Kabila, le 15 décembre. © AFP

Publié le 15 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Le chef de l’Etat s’exprimait devant l’Assemblée nationale et le sénat réunis en congrès au Palais du peuple, siège du parlement, pour son message annuel sur l’état de la nation, le premier depuis la reprise du conflit armé dans l’est.

Avant d’annoncer une minute de silence, il a expliqué qu’il avait choisi de focaliser "l’essentiel" de son discours sur cette nouvelle crise, moins d’un mois après la prise de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, par les rebelles du M23.

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"Désormais, au-delà de toutes nos actions pour le développement, notre priorité sera la défense de la patrie. La défense, rien que la défense, avec une armée dissuasive, une armée nationale, apolitique et professionnelle", a souligné le président.

Appelant à "l’unité" et à la "cohésion" nationales, il a demandé aux quelques 70 millions de Congolais de "s’approprier l’enjeu de la défense nationale" et a lancé un appel à la sensibilisation des jeunes pour qu’ils s’enrôlent "massivement au sein de nos forces de défense et de sécurité".

"Il est clair que plus que jamais (…) la défense, avec son bras fort, l’armée, sont la priorité des priorités. Je pense que c’est la grande leçon à tirer. A quelque chose, malheur est bon", a déclaré à l’AFP Christophe Lutundula, député de la majorité.

L’armée congolaise affronte depuis mai le Mouvement du 23 mars (M23), surtout composé d’ex-rebelles intégrés à l’armée après un accord signé le 23 mars 2009 et dont ils revendiquent la pleine application. L’ONU accuse le Rwanda et l’Ouganda de soutenir les rebelles, ce qu’ils réfutent.

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"Une fois de plus, une guerre injuste nous est imposée. Tout a été dit sur cette guerre d’agression de la part du Rwanda", a de nouveau déclaré M. Kabila, sous les applaudissements et les sifflets des parlementaires.

"Il n’a pas fait de déclaration de guerre contre le Rwanda. Il n’a pas déclaré l’état de siège, l’état d’urgence dans les territoires occupés. Il n’a pas déclaré une rupture diplomatique. Mais alors, quel sens il donne à l’agression?", s’est interrogé le député d’opposition Franck Diongo.

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Depuis avril, selon l’ONU, les combats entre l’armée et le M23 ont fait plus de 500.000 déplacés et réfugiés dans le Nord-Kivu. Après une trêve de quelques mois, les combats ont repris et, le 20 novembre, les rebelles se sont emparés de Goma.

"Défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême"

"Il est vrai que nous avons perdu il y a peu une bataille, mais comme dans la vie d’un homme, un échec, dans la vie d’une nation, n’est pas une fatalité. Le plus important c’est de se ressaisir (…) Apprêtons-nous donc à défendre notre mère patrie jusqu’au sacrifice suprême", a dit Joseph Kabila.

Le M23 s’est retiré de Goma le 1er décembre, suivant une demande des Etats de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL) qui promettaient en échange l’ouverture de discussions avec Kinshasa. Depuis dimanche, ces discussions sont en cours en Ouganda, médiateur de la crise pour la CIRGL.

Dès le départ, les pourparlers ont été tendus car le M23 a multiplié ses doléances. Reste que, selon le ministère de la Défense ougandais, les deux camps travaillent désormais à huis clos sur les règles de procédure et le calendrier du dialogue de fond.

Mais de nombreux habitants de Goma craignent de nouveaux combats en cas d’échec des discussions. D’autant que le M23 ne s’est pas retiré à au moins 20km comme prévu. Pour l’heure, il reste aux portes de Goma, sur des collines stratégiques.

"Ils ont toujours une présence très active et inquiétante (…) et donc la zone tampon (prévue par la CIRGL) n’a même pas été mise en place", a déclaré Roger Meece, le chef de la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco).

Le président Kabila a rappelé dans son discours avoir "exigé un réaménagement du mandat de la Monusco" qui, déployée en appui de l’armée congolaise, n’a pas pu empêcher la prise de Goma.

L’est de la RDC riche en cassitérite, or et coltan, a été le théâtre de deux guerres régionales de 1996 à 2003. Il vit aussi depuis de nombreuses années au rythme de rébellions, milices et autres groupes armées qui multiplient les exactions contre les civils.

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