Mali : Diango Cissoko à la recherche d’un gouvernement « d’union nationale »

Nommé mardi 11 décembre après le départ forcé de Cheick Modibo Diarra, le nouveau Premier ministre malien Diango Cissoko tentait, mercredi 12 décembre, de former un gouvernement d’union nationale. Dont l’une des premières missions sera d’appuyer l’envoi d’une force armée internationale au Nord-Mali.

Diango Cissoko (g) et Dioncounda Traoré au Palais présidentiel de Bamako. © AFP

Diango Cissoko (g) et Dioncounda Traoré au Palais présidentiel de Bamako. © AFP

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Publié le 13 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

D’abord renforcer la stabilité des autorités de transition à Bamako, ensuite faciliter le déploiement de la force internationale pour la libération du Nord occupé par les islamistes armés. Considéré comme neutre à l’égard du président intérimaire Dioncounda Traoré, du Premier ministre démis et du chef des putschistes du 22 mars, le capitaine Amadou Haya Sanogo, Diango Cissoko est attendu au tournant.

Le nouveau Premier ministre devra notamment convaincre le capitaine Sanogo, qui, s’il a démenti mardi être opposé à l’envoi d’une force étrangère « tant que ça peut sauver des populations maliennes », est réticent à un un tel déploiement, préférant l’option d’une intervention malienne avec un soutien logistique international.

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« La priorité, c’est la récupération du Nord et l’organisation des élections (…) Je veux faire un gouvernement d’union nationale », a déclaré à la presse juste après sa nomination le nouveau Premier ministre.

Diango Cissoko, grand commis de l’État, plusieurs fois ministre sous les régimes du dictateur Moussa Traoré et du président déchu Amadou Toumani Touré (ATT), a été nommé mardi soir par décret à la tête de l’exécutif. Cette nomination a eu lieu moins de 24 heures après la démission forcée de Cheick Modibo Diarra, en poste depuis huit mois, sous la pression des officiers putchistes du capitaine Sanogo, déjà à l’origine du renversement de ATT en mars.

Point de blocage

Le capitaine Sanogo a justifié mardi soir, dans un entretien à la télévision publique, le départ de M. Diarra. Il l’a accusé être « le point de blocage » dans la résolution de la crise au Mali, dont le nord est depuis huit mois sous le contrôle d’islamistes liés à Al-Qaïda.

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Il a notamment dénoncé un « ambitieux » qui ne reconnaissait pas l’autorité du président par intérim, Dioncounda Traoré, et qui n’avait « aucun égard pour le peuple ». Il a en outre assuré ne pas avoir « contraint » M. Diarra à la démission, mais avoir simplement « facilité » son départ.

La communauté internationale, inquiète des conséquences de cette nouvelle crise, a vivement condamné les interférences de l’armée dans les affaires politiques du Mali, et le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé ses menaces de « sanctions ciblées » à l’encontre des putschistes.

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Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, « troublé » par ce nouveau coup de force, a appelé « une nouvelle fois à la fin de l’ingérence des militaires dans la politique ». La présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a quant à elle rappelé l’exigence de la subordination totale de l’armée et des forces de sécurité au pouvoir civil.

Un "Talleyrand malien"

Mais, estime Gilles Yabi, du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) pour l’Afrique du l’Ouest, « Cheick Modibo Diarra était un obstacle aux progrès de la transition, dans tous ses aspects, qu’ils soient politiques ou qu’ils concernent la préparation d’une intervention militaire au Nord ». Un sentiment largement partagé en Afrique de l’Ouest où les ambitions politiques de M. Diarra étaient mal perçues.

« La nomination d’un nouveau Premier (ministre) pourrait débloquer la situation. Diango Cissoko est un interlocuteur plus fiable, compétent, désintéressé, que ne l’était Modibo Diarra », estime M. Yabi.

Présenté par la presse locale comme un « Talleyrand malien » pour sa longue expérience des allées du pouvoir à Bamako, il devra également parvenir à composer avec l’armée malienne « qui va continuer à peser », selon M. Yabi.

Ce changement à la tête de l’exécutif malien intervient alors qu’est attendu avant Noël un feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’envoi d’une force armée internationale dans le nord.

Dans une déclaration mardi, les 15 pays membres du Conseil ont souligné leur engagement « à autoriser dès que possible le déploiement » de cette force de 3 300 hommes. L’armée malienne, sous-équipée et humilée par les groupes armés islamistes liés à Al Qaïda dans le Nord où elle a été défaite et n’est plus présente, ne contrôle plus que le Sud du pays, dont la capitale Bamako.

(Avec AFP)

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