Côte d’Ivoire : Hamed Bakayoko, les braqueurs et les primes de la police
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, a offert publiquement, le 7 décembre, 12 millions de F CFA à la direction de la police criminelle après que ses agents ont abattu des malfaiteurs. Certains ont applaudi, d’autres un peu moins.
Mis à jour le 12/12 à 18h37.
Le ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, a décidé, vendredi 7 décembre, d’octroyer publiquement au nom du gouvernement 12 millions de F CFA (19 000 euros) à la direction de la police criminelle qui venait de faire avorter le braquage d’une agence de la Banque nationale d’investissement (BNI), dans le quartier des affaires du Plateau, à Abidjan.
Le 7 décembre, les fins limiers de la police criminelle avaient tué, après un échange de coups de feu, trois présumés braqueurs et mis aux arrêts deux de leurs complices. Tout sourire dans les locaux de la police criminelle quelques temps après les faits, Hamed Bakayoko a distribué du cash aux policiers devant les appareils photos et des cameras de la presse médusée.
Mais pour la presse de l’opposition et certains milieux diplomatiques ou associatifs, le geste du ministre est maladroit. « Il pourrait être considéré comme un encouragement aux exécutions sommaires et extrajudiciaires de présumés malfaiteurs. De notre point de vue, ce qui devait primer c’est l’équipement des unités de police et le renforcement de leur formation », explique Drissa Traoré, le président du Mouvement ivoirien des droits de l’homme (MIDH).
Brebis galeuses
« Ça fait désordre, c’est un mauvais signal. Nous avons applaudi le renforcement de la sécurité intérieure, mais nous craignons que ce genre d’actions donnent des idées à certaines brebis galeuses des forces de sécurité, qui pourraient s’adonner à des exécutions sommaires en espérant toucher des sous », renchérit un diplomate de l’Onuci, à Abidjan.
En interne, certains policiers sont assez gênés. Mais lors de l’annonce du ministre, les cris de joie ont fusé dans leurs rangs. « Dans toutes les corporations, il y a des primes de rendement et cela est une règle au niveau des ressources humaines. Mais c’était un peu maladroit d’annoncer publiquement qu’on recevait 12 millions de F CFA. Car ça n’est pas bon d’abattre des criminels. Il faut qu’ils répondent de leurs actes devant la justice », confie une source proche de la police criminelle.
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Par Baudelaire Mieu, à Abidjan (@BMieu)
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