Takreem Awards 2012 : neuf succès pour « rendre fiers 350 millions d’Arabes »

La 3e édition Takreem Awards s’est tenue à Manama, capitale du royaume de Bahreïn, le 30 novembre. Au cours de cette grande cérémonie mondaine, sorte de Nobel régional, 9 réussites arabes ont été récompensées.

Le plateau des Takreem Awards. © Laurent de Saint-Périer pour JA

Le plateau des Takreem Awards. © Laurent de Saint-Périer pour JA

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Publié le 7 décembre 2012 Lecture : 6 minutes.

Créés en 2009 avec pour slogan « Rendre fiers 350 millions d’Arabes », les Takreem Awards récompensent des réussites arabes remarquables dans neuf domaines : philanthropie, femme de l’année, contribution internationale à la société arabe, innovation dans l’éducation, jeune entrepreneur, environnement et développement, sciences et technologies, culture, et leadership d’entreprise.

Après deux éditions organisées à Beyrouth en 2010 et à Doha, au Qatar, en 2011, la cérémonie de remise des Takreem Awards s’est déroulée cette année à Manama, capitale du royaume de Bahreïn, en dépit de la contestation politique qui crispe le pays depuis février 2011. Ce 30 novembre, dans le hall de conférence du ministère de la Culture, les esprits étaient plus à la célébration des réussites arabes qu’aux débats sur le climat politique local et les printemps régionaux.

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Très mondain, l’évènement parrainé par le ministère bahreïni de la Culture avait été conçu comme un grand show télévisuel, présenté par la star d’Al Jazira Laila al-Shaikhli, reine de la nuit en robe rouge et bijoux Chopard, et avec des personnalités arabes pour remettre, sur scène, les trophées aux neuf lauréats. Dans la salle, les belles décolletées et bijoutées se mêlaient aux cheikhs en keffiehs blancs et manteaux sombres liserés d’or, et des gentlemen en costume cravate causaient avec des élégantes voilées aux abayas noires scintillantes de rivières de diamants. La princesse Sheikha Mai bint Mohammad Al Khalifa, ministre de la Culture, menait le bal.

Cette année, le jury du prix comptait notamment l’Égyptien prix Nobel de la Paix Mohammed el-Baradei, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, André Azoulay, conseiller des rois du Maroc ou encore l’écrivain libanais Amine Maalouf, récemment admis à l’Académie française. Deux hommes et une femme d’origine palestinienne ont raflé le tiers des prix, tandis que l’Afrique remportait deux trophées, celui de la Femme arabe de l’année obtenu par la Soudanaise Magda el-Sanousi et celui des Réalisations scientifiques et technologiques qui est allé à l’Égyptien Nagy Habib.

Portraits de neuf lauréats.
(Crédits photo : Laurent de Saint-Périer pour JA (sauf mention))

Philanthropie et action sociale : SESOBEL (Liban)

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La présidente de l’association Sesobel, Fadia Safi.

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Fondée au lendemain du début de la guerre du Liban en 1976 par l’infirmière Yvonne Chami, «la « maman du Liban », cette organisation non-gouvernementale assiste les enfants handicapés tout en apportant soutien et accompagnement à leurs familles. Une équipe de 200 professionnels aide ainsi plus de 450 enfants, dont 80% sont issus de milieux défavorisés. L’idéal de l’ONG : aider ces jeunes à « mener une vie de joie et d’espérance malgré le handicap et les difficultés. » 

Excellence culturelle : Samia Taktak Zaru (Jordanie)

Cette artiste peintre et sculptrice qui expose de Bagdad à Washington réside à Amman, en Jordanie, mais elle est née en Palestine, à Naplouse, en 1938. Ses tableaux, d’un figuratif quasi abstrait où explosent les couleurs, contrastent avec ses œuvres sculptées, découpées dans le métal brut. Des paysages urbains de dômes, d’arches et de minarets qui évoquent avec mélancolie des réminiscences de la Palestine perdue. Très investie dans l’enseignement et la popularisation des beaux-arts au Proche-Orient, elle enseigne à l’Université jordanienne.

Femme arabe de l’année : Magda el-Sanousi (Soudan)

La Soudanaise Magda el-Sanousi dirige à Beyrouth l’antenne libanaise de l’ONG Oxfam GB. Lobbying politique, campagnes de communication auprès des opinions publiques, conférences, assistance concrète : depuis 20 ans, elle se bat pour faire progresser la condition féminine dans le monde arabe et gère actuellement pour Oxfam le Programme pour l’égalité des sexes dans la région (Liban, Jordanie, Egypte, Irak, Palestine et Yémen). Ses deux défis du moment : inciter des participations masculines à ce programme et ouvrir une maison Oxfam spécialement dédiées au soutien des femmes arabes. 

Leadership d’entreprise d’exception : Saad Abdul-Latif (Palestine)

À 58 ans, Saad Abdul-Latif dirige, depuis Dubaï, les activités du géant américain de l’agroalimentaire Pepsico en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Résidant aux Émirats, il est d’origine palestinienne, a fait ses études à Beyrouth et en Arizona. Il est entré à Pepsico dès 1982, et occupe son poste actuel depuis 2008. Avec 40 000 employés sous ses ordres et un éventail de 22 marques, il a généré 5,7 milliards de revenus annuels en 2011 et sert à boire et à manger dans plus de 90 pays, représentant les trois quart de la population mondiale.

Apport international à la société arabe : Éditions Sindbad – Actes Sud (France)

La représentante de la société, Marie Desmeures, adjointe au directeur éditorial.

Depuis sa fondation en 1972, la maison d’édition qui porte le nom du célèbre marin des Mille et une nuits fait connaître au public francophone les grands textes et les nouveaux auteurs de la littérature arabe, mais aussi persane, « car il fallait, déjà, combattre les idées reçues sur l’islam en montrant, textes à l’appui, la grandeur et l’extrême diversité de la civilisation qu’il a engendrée ». En 1995, les éditions Actes Sud viennent compléter les collections Sindbad, couvrant un spectre géographique et thématique plus large. 

Jeune entrepreneur : Habib Haddad (Liban)

À peine diplômé de l’Université américaine de Beyrouth et de l’Université de Californie du Sud, Habib Haddad créée une première start-up aux États-Unis en 2007, Yamli, plébiscitée par les utilisateurs arabes du web pour l’écriture et la recherche en ligne dans la langue d’Avicenne. En 2009, il lance YallaStartup, société de services en ligne qui assiste les jeunes entrepreneurs du Maghreb et du Moyen-Orient en favorisant le networking, la recherche de financements et d’informations. Recruté en 2011 comme directeur général par Wamda, importante société libanaise de services aux entrepreneurs de la région, il rentre cette année-là s’établir à Beyrouth. 

Réserve de biosphère du Chouf (Liban)

Charles Noujaim, président du Conseil municipal de Maasser el-Chouf

Couvrant 50 000 hectares de montagnes et de forêts, la réserve du Chouf est une des zones protégées les plus vaste du Moyen-Orient. Parmi ses 520 espèces végétales répertoriées, on y admire notamment le fameux cèdre du Liban, arbre biblique dont certains spécimens atteignent ici plus de 2 500 ans. Depuis quelques décennies, d’importantes campagnes de plantation de cèdres font de la réserve un conservatoire de cette espèce endémique très menacée. À proximité, les ruines de la forteresse croisée de Niha et les palais arabes de Beit ed-Dine sont de splendides illustrations de la riche histoire du Liban.

Réalisations scientifiques et technologiques : Nagy Habib (Égypte)

Crédit : OliveBranch

Basé à Londres, le Dr Nagy Habib est une référence mondiale dans le domaine du traitement du cancer du foie. Né en 1952 au Caire, il achève ses études médicales au Royaume-Uni où il enseigne toujours l’hépatologie à l’Imperial college de Londres. Une de ses plus importantes découvertes est l’utilisation des ondes radioélectriques pour les ablations du foie qui permet de retirer des tumeurs sans causer d’importantes hémorragies. Inventeur de nombreux instruments chirurgicaux, il a publié des études remarquées, notamment en recherche génétique. 

Innovation dans l’éducation : Fondation A. M. Qattan (Palestine)

Crédit : OliveBranch

Ziad Khalaf, directeur général de la fondation

ONG crée au Royaume-Uni en 1993, la Fondation A. M. Qattan a pour mission de promouvoir et de développer l’éducation et la culture en Palestine et dans le monde arabe, s’adressant plus particulièrement aux enfants, aux professeurs et aux jeunes artistes. Le Centre Qattan pour la recherche en éduction et le développement vise ainsi à élever les standards d’éducation dans les territoires palestiniens par des campagnes de formation des enseignants, des publications pédagogiques et l’organisation de forums. À Gaza, le Centre Qattan pour l’enfance met à disposition des 65 000 filles et garçons de la ville plus de 115 500 livres.

Crédit : OliveBranch

Ricardo Karam, fondateur et organisateur des Takreem Awards

Journaliste à la télévision libanaise, célèbre pour avoir interviewé les grands de ce monde du Dalaï Lama à Céline Dion et d’Aznavour à Kofie Annan, ce philanthrope a lancé en 2009 les Takreem Awards « afin de contribuer à changer l’image négative et stéréotypée des Arabes et d’inspirer les jeunes générations en leur permettant de s’identifier à des modèles  positifs ». Après trois premières éditions à Beyrouth, Doha et Manama, Karam souhaite maintenant sensibiliser les acteurs et les publics d’Afrique du Nord, et il regarde avec beaucoup d’intérêt Marrakech comme prochain lieu de cérémonie.

 

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