Tanzanie : la princesse, le ministre et le président
La chanteuse sud-africaine Yvonne Chaka Chaka animait le lancement du forum des partenaires de la Global Alliance for Vaccines and Immunisation (Gavi), le 5 décembre à Dar es-Salaam. Une cérémonie que le président tanzanien et son ministre de la Santé ne devraient pas oublier.
Est-ce une bonne idée d’inviter un artiste mondialement célèbre lors d’un dîner réunissant plusieurs centaines de personnes à la résidence présidentielle ? Pour l’ambiance, la réponse est certainement oui. Mais pour le reste, c’est à vos risques et périls… Le 5 décembre 2012 au soir, le président tanzanien Jakaya Kikwete donnait une réception à State House à l’occasion du lancement du forum des partenaires de la Global Alliance for Vaccines and Immunisation (Gavi).
Parmi les invités, il y avait Graça Machel, l’épouse de Nelson Mandela, la première dame de Zambie, le ministre de la santé tanzanien Hussein Ali Mwinyi, une cohorte d’ambassadeurs et de représentants d’institutions prestigieuses, mais il y avait surtout la « princesse de l’Afrique », la chanteuse sud-africaine Yvonne Chaka Chaka.
Ambassadeur de bonne volonté de l’Unicef et artiste de renom, elle est connue pour ses prises de position en faveur de meilleures politiques de santé. Lui confier le micro, c’était s’exposer à la puissance de sa voix, mais aussi au pouvoir de ces petits mots qui restent dans l’Histoire. Ainsi ne s’est-elle pas contentée de chanter.
Vilains petits garçons
Défiant le protocole avec entrain, son nouveau disque à la main, elle a fait venir à elle le président Kikwete, son ministre de la Santé et Graça Machel. Ne réservant que des louanges à cette dernière, elle a traité – avec humour s’entend – les deux autres comme des petits garçons plus habitués aux bêtises qu’aux bonnes actions.
Solennellement, elle a fait promettre au président de la Tanzanie d’être un bon dirigeant dévoué à son peuple. Il s’est exécuté sans broncher : on ne refuse pas une demande d’Yvonne Chaka Chaka. Quand au ministre de la Santé, il a dû promettre que l’argent de son ministère n’irait jamais dans les « mauvaises poches ». Ce qu’il a promis lui aussi, déclenchant quelques rires discrets.
Fière de son petit numéro, la princesse pouvait alors entonner a capella la chanson d’Heather Small, « What have you done today to make you feel proud ? » Bien sûr, les esprits chagrins noteront que ce refrain revient souvent dans la communication de la firme pharmaceutique GlaxoSmithKline. Mais les autres se réjouiront des promesses obtenues devant témoins : ce ne sont que des mots, mais ils ont été prononcés. L’avenir jugera.
________
Par Nicolas Michel, envoyé spécial à Dar es-Salaam
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Niger, Samuel Eto’o reçu par le général Tiani
- L’État algérien accélère la cadence pour récupérer les biens mal acquis
- Au Burkina Faso, au moins une centaine de soldats tués dans une nouvelle embuscade
- M23 en RDC : cinq questions pour comprendre pourquoi le conflit s’enlise
- Vera Songwe : « Les obligations souveraines africaines, c’est comme une Lamborghin...