Gavi Alliance : s’unir pour mieux vacciner

Le forum des partenaires de la Global Alliance for Vaccines and Immunisation (Gavi) se tient à Dar es-Salaam (Tanzanie), du 5 au 7 décembre 2012. L’occasion de faire le bilan de douze ans d’action et de préparer l’avenir.

Petite fille se faisant vacciner contre la fièvre jaune à Kinshasa, en RDC. © Olivier Asselin/GAVI Alliance

Petite fille se faisant vacciner contre la fièvre jaune à Kinshasa, en RDC. © Olivier Asselin/GAVI Alliance

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 6 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Ibrahim Maduhu est médecin pédiatre. Après avoir travaillé toute sa vie dans différents hôpitaux de Tanzanie, il est désormais employé au ministère de la Santé où son combat quotidien concerne l’immunisation des enfants contre les nombreuses maladies qui les menacent dès la naissance. Bien que confronté à de persistants problèmes de logistique qui rendent difficile la vaccination des populations les plus éloignées, il se montre optimiste : « Nous nous sommes beaucoup améliorés face à des maladies comme le tétanos ou la rougeole. Concernant cette dernière, nous avons encore des épidémies tous les trois ans, mais c’est beaucoup moins qu’auparavant… »

En sa qualité, Ibrahim Maduhu est l’un des quelque 650 invités participant au forum des partenaires de la Global Alliance for Vaccines and Immunisation (Gavi) qui se tient à Dar es Salaam (Tanzanie), du 5 au 7 décembre 2012. Partenariat public-privé réunissant des gouvernements, des institutions (Unicef, OMS, Banque Mondiale…), des bailleurs de fonds privés (Fondation Bill et Melinda Gates, J.P. Morgan, Fondation La Caixa…) et des géants de l’industrie pharmaceutique, GAVI s’est donné pour objectif de « sauver les enfants et protéger la santé de chacun en développant l’accès à la vaccination dans les pays pauvres. »

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Bilan positif

Lors de la cérémonie officielle de lancement du forum, le président du conseil d’administration Dagfinn Høybråten s’est félicité des résultats obtenus après 12 années d’existence. Quelque 370 millions d’enfants vaccinés et « plus de 5,5 millions de décès évités » grâce aux vaccins contre l’hépatite B, la rougeole, la coqueluche, la pneumonie, la poliomyélite, la diarrhée à rotavirus et la fièvre jaune. Affirmant que la situation était « meilleure que jamais concernant la vaccination de routine », le ministre tanzanien de la Santé, Hussein Ali Mwinyi, a annoncé l’introduction, à partir de janvier 2013, de deux vaccins qui n’étaient jusque là guère disponibles dans son pays pour lutter contre la pneumonie et la diarrhée à rotavirus, maladies responsables de nombreux décès chez les enfants de moins de cinq ans. « Nous devrions en voir les effets très rapidement », a-t-il ajouté.

Il y a toujours des millions de personnes qui ne sont pas vaccinées. Les 10 % restants, quand on a couvert 90 % de la population, sont les plus difficiles à atteindre.

Graça Machel, épouse de Nelson Mandela

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Soutien « inconditionnel » – selon ses propres termes – de Gavi, l’épouse de Nelson Mandela Graça Machel a profité de l’occasion pour souligner avec force que ce type de partenariat public-privé, où les gouvernements bénéficiaires participent aussi à l’effort financier, était « un modèle à dupliquer ». Mais elle a aussi ajouté : « Il y a toujours des millions de personnes qui ne sont pas vaccinées. Les 10 % restants, quand on a couvert 90 % de la population, sont les plus difficiles à atteindre. Nous devons encore améliorer le système et être toujours plus imaginatifs. » Et de fait, en Tanzanie comme ailleurs, dans les dispensaires de brousse ou les centres médicaux éloignés des principaux axe routiers, le principal problème n’est pas toujours la disponibilité des vaccins. Moyens de transport inexistants, corruption, communications difficiles rendent presque impossible l’accès à certaines populations, qui comptent souvent parmi les plus pauvres.

Croisade

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Gavi, bien entendu, poursuit sa croisade. Pour la période 2011-2015, l’Alliance annonce qu’elle bénéficie d’un soutien de ses donateurs équivalent à 7,35 milliards de dollars et qu’elle est en mesure « d’obtenir des fabricants de vaccins de nouveaux prix et de meilleurs approvisionnements ». L’ONG humanitaire Médecins sans Frontières, prix Nobel de la paix, a sur ce sujet un point de vue un peu dissonant. « Gavi devrait étendre de manière systématique les prix qu’elle obtient aux acteurs humanitaires qui sont souvent bien placés pour accéder aux enfants non vaccinés », déclare MSF qui ne parvient pour sa part que difficilement à négocier avec des entreprises florissantes comme Pfizer ou GlaxoSmithKline.

Conseillère en matière de vaccination pour MSF, Kate Elder reconnaît les indéniables succès de Gavi, mais pointe aussi du doigt certaines incongruités. « En 2016, le Honduras ne sera plus éligible au soutien de Gavi, soutient-elle. Et alors qu’il payait 1,33 dollars pour deux vaccins, il devra désormais payer 15,50 dollars pour les deux mêmes vaccins. » Une hausse qui sera sans doute indigeste, même si certains imaginent sans doute que « les bénéficiaires d’aujourd’hui sont les acheteurs de demain. » Pour Gavi, le plus important défi est peut-être d’encourager les industries pharmaceutiques des pays émergents, ou en voie de l’être…

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Par Nicolas Michel, envoyé spécial en Tanzanie

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