Crise en Tunisie : l’UGTT lance un appel à la grève générale le 13 décembre

En Tunisie, le bras de fer qui oppose le principal syndicat tunisien aux islamistes au pouvoir se poursuit.  L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé mercredi 5 décembre à une grève générale le 13 décembre dans l’ensemble du pays.

Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT. © AFP

Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT. © AFP

Publié le 6 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Sur sa page Facebook et par voie de presse, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé qu’elle a « décidé d’une grève générale le jeudi 13 décembre 2012 sur tout le territoire de la République ».

La centrale indique qu’elle a pris cette décision pour protester contre une attaque de son siège mardi à Tunis, orchestrée, selon elle, par des militants islamistes proches du parti Ennahdha qui dirige le gouvernement en Tunisie.

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L’UGTT réclame l’arrestation des assaillants et la dissolution de la Ligue de la protection de la révolution. Cette milice pro-pouvoir, réputée pour ses méthodes brutales, s’est posée en garant des revendications de la révolte de 2010-2011.
De leur côté, les branches locales de l’UGTT – à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, Kasserine, Sfax ou encore Gasfa – ont appelé à une grève dès jeudi, exprimant les mêmes demandes. Plusieurs débrayages sectoriels sont aussi prévus.

Le syndicat, qui compte un demi-million de membres, est la plus grosse organisation du pays.

"Opposition radicale"

Du côté d’Ennahdha, on reproche à l’UGTT de se mêler de politique et d’attiser les tensions sociales dans le pays, où se multiplient les manifestations violentes nourries par les frustrations face aux espoirs déçus de la révolution.

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À la mi-octobre, Ennahdha avait boycotté la réunion de toutes les forces politiques proposée par l’UGTT, rendant sa tenue caduque, afin de tenter de négocier un consensus sur la future Constitution, dont la rédaction est dans l’impasse.
Le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi, a quant à lui qualifié l’UGTT « d’opposition radicale », avant même qu’elle annonce son appel à la grève.

« L’UGTT doit être une organisation syndicale et non pas un parti de l’opposition radicale", a-t-il martelé. « L’appel à la grève générale est un travail politique, surtout lorsqu’elle a des motivations politiques et non sociales », a-t-il dit avant d’ajouter qu’ « une grève générale ne fera pas changer le gouvernement; en démocratie le changement de gouvernement ne se fait que par une motion de censure ou des élections ».

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Le bras de fer entre l’UGTT et Ennahdha dure depuis des semaines, alors que parallèlement les conflits sociaux s’intensifient et que l’impasse politique s’aggre.

Enfin, cette nouvelle crise intervient trois jours après la fin de près d’une semaine de violents affrontements entre policiers et manifestants à Siliana, au sud-ouest de Tunis, suite à une  grève générale organisée par l’UGTT.

L’histoire de l’UGTT ne compte que deux appels à la grève nationale, l’une en 1978, et une autre, de deux heures, le 12 janvier 2011, deux jours avant la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali.

À l’époque de la colonisation française, l’UGTT était déjà l’un des fers de lance de la contestation, puis elle s’était aussi opposé dans les années 1970 au père de l’indépendance, Habib Bourguiba. Mais sa direction a joué un rôle plus équivoque sous le régime de Ben Ali.

La Tunisie fêtera le 17 décembre le deuxième anniversaire du début de sa révolution déclenchée par l’immolation d’un vendeur ambulant excédé par les brimades policières et la pauvreté à Sidi Bouzid, dans l’intérieur marginalisé.

(Avec AFP)

 

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