Aqmi : dans une vidéo, Droukdel tente de renforcer sa stature de jihadiste en chef

Dans un message vidéo posté lundi 3 décembre sur Internet, Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), menace la France et les chefs d’État africains qui préparent une intervention militaire au Nord-Mali. Une façon d’asseoir son autorité régionale, quelques semaines après la rupture avec l’un de ses lieutenants sahéliens, Mokhtar Belmokhtar. 

Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. © Capture d’écran Sahara Media

Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. © Capture d’écran Sahara Media

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Publié le 5 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

« Si vous voulez la guerre, le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats et un désastre pour vos intérêts ». Turban sur la tête, barbe fournie et manteau militaire sur les épaules, Abdelmalek Droukdel, grand émir d’Aqmi, adresse des menaces directes à la France et à ses alliés africains.

Dans cette vidéo intitulée « L’invasion du Mali, une guerre française par procuration », le dirigeant jihadiste algérien affirme que l’intervention militaire programmée au Nord-Mali est une « guerre des croisés ». « Le prix de la décision de Hollande sera très élevé, les "sages" français se doivent de destituer ce président s’ils veulent préserver les intérêts de leur pays, lance-t-il face à la caméra. La volonté [de François Hollande] de mener une guerre au Mali ne fait que creuser leurs tombes ».

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Droukdel a aussi un mot pour les pays du Sahel qui soutiennent l’intervention militaire. Un brin philosophe, il les appelle à suivre cette devise africaine : « quand ta maison est en verre, ne jette pas de pierres sur les gens ».

D’après l’ancien chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, groupe jihadiste algérien des années 1990), son mouvement dispose de nombreuses armes pour « saigner » ses ennemis. Et de conclure, menaçant : « nous sommes des combattants et avons une grande expérience qui nous permettra de faire durer le conflit ».

Concurrence avec "Mister Marlboro"

Malgré les apparences, ce message ne s’adresse pas qu’à la France et aux pays africains. Il y a quelques semaines, une importante fracture a eu lieu au sein d’Aqmi. Après des années de rapports tendus, Abdelmalek Droukdel et Mokhtar Belmokhtar, un des lieutenants de l’organisation terroriste au Sahel, ont mis un terme à leur collaboration. Davantage connu pour son implication dans les trafics en tout genre que pour ses convictions idéologiques, « Mister Marlboro » a toujours été considéré comme une menace par la direction algérienne du mouvement jihadiste.

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Depuis cette rupture, Mokhtar Belmokhtar a décidé de monter un groupe concurrent d’Aqmi, qui sera implanté dans la bande sahélienne. L’information a été confirmée, lundi 3 décembre, par un de ses proches, le Malien Oumar Ould Hamaha : « Nous voulons élargir notre zone d’opération à travers tout le Sahara, en allant du Niger jusqu’au Tchad et au Burkina Faso », a-t-il déclaré.

Réfugié dans les maquis de Kabylie, Abdelmalek Droukdel a toujours eu des difficultés à contrôler les réseaux sahéliens. La création de ce nouveau groupe ne va donc pas arranger ses affaires, d’autant plus que Mokhtar Belmokhtar dispose, lui, de solides soutiens locaux, notamment chez les Touaregs et les Bérabiches. Avec cette vidéo, le grand chef d’Aqmi tente donc de reprendre la main en insistant sur sa stature de leader incontesté du jihadisme régional, déterminé à mener la guerre contre l’Occident et ses alliés africains.

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Par Benjamin Roger (@benja_roger)

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