France – Tchad : Idriss Déby Itno à Paris pour trois jours de visite officielle
Le président tchadien, Idriss Déby Itno, arrive à Paris mardi 4 décembre. Il sera reçu le lendemain par son homologue François Hollande à l’Élysée. Au programme de cette rencontre présidentielle : la crise malienne et la polémique sur l’affaire Ibni, du nom de l’opposant tchadien enlevé et disparu depuis février 2008.
La visite officielle du président tchadien Idriss Déby Itno, organisée du 4 au 7 décembre à Paris, intervient dans un contexte diplomatique troublé. Initialement prévu début octobre, ce déplacement présidentiel a été repoussé de plusieurs semaines en raison de différends franco-tchadiens autour de l’ « affaire Ibni ».
Le 3 février 2008, l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh était enlevé à son domicile de N’Djamena par des militaires tchadiens. Depuis, plus aucune trace de lui. Au Tchad, une partie de l’opposition avait immédiatement dénoncé un règlement de compte politique. Quatre ans plus tard, malgré la mise sur pied d’une commission d’enquête et la publication d’un rapport officiel en septembre 2008, la procédure judiciaire sur cette troublante disparition est toujours au point mort. Un comité de suivi de l’enquête, rejoint par des experts internationaux depuis fin 2010, n’a guère plus progressé.
Pour le président François Hollande, qui a fait du respect des droits de l’homme la pierre angulaire de sa politique africaine, l’enfouissement de cette affaire est difficilement acceptable. Pendant plusieurs semaines, la France a donc demandé des efforts au Tchad avant de concrétiser la visite officielle du président Déby. À Paris, une source diplomatique promet d’ores et déjà que le dialogue sera « direct » entre les deux chefs d’État. François Hollande devrait notamment demander à son homologue tchadien la relance du comité de suivi international.
Appui sous condition ?
Lors de leur entretien, prévu mercredi 5 décembre à 15 heures à l’Élysée, les deux présidents évoqueront également la crise malienne. Depuis plusieurs mois, Idriss Déby Itno est ambigu sur la participation de l’armée tchadienne à une éventuelle intervention militaire au Nord-Mali. Tantôt favorable, tantôt défavorable, il peut être tenté de conditionner sa décision au comportement français sur le dossier Ibni.
À Paris, la même source diplomatique assure que les deux dossiers – le Nord-Mali et Ibni – sont « déconnectés », bref qu’il n’y aura aucun marchandage. De leur côté, les dirigeants de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) envisagent aussi de se passer des services tchadiens, estimant que la force constituée de 5 000 soldats maliens et 3 300 soldats de la Cedeao est suffisante pour la reconquête du Nord.
Le président Déby profitera sûrement de son rendez-vous à l’Élysée pour remettre sur la table les revendications financières des familles tchadiennes dans l’affaire de l’Arche de Zoé. Hier s’est ouvert le procès de l’association à Paris, cinq ans après la rocambolesque tentative d’exfiltration de 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour. Depuis le transfert des principaux accusés en France, le gouvernement tchadien réclame toujours le paiement de dommages et intérêts à hauteur de 6,3 millions d’euros. À l’époque, le Quai d’Orsay avait rapellé que cette dette devait être payée par les membres de l’association et non par l’État français.
Outre son entretien avec François Hollande, Idriss Déby aura une audience avec le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dont la date et l’heure restent encore à déterminer. D’après une source diplomatique tchadienne, un entretien avec le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius devrait également figurer au programme. Jeudi 6 décembre, le président Déby participera à un déjeuner d’affaires avec les acteurs économiques au Medef. Le lendemain, il recevra des responsables de la diaspora tchadienne à son hôtel avant de reprendre l’avion vers N’Djamena.
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Benjamin Roger (@benja_roger)
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