Tunisie : l’armée se retire de Siliana, Marzouki appelle à la formation d’un nouveau gouvernement
La ville de Siliana a connu quatre jours de violences pour les mêmes raisons – misère et violences policières – qui avaient provoqué la révolution tunisienne, dont s’approche le deuxième anniversaire du déclenchement (le 17 décembre). Dans un discours prononcé vendredi 30 novembre, le président Marzouki a appellé à la formation d’un gouvernement resserré et apolitique et à l’accélération du travail de l’Assemblée constituante.
Mis à jour le 01/12/12 à 10H30
À l’issue de quatre jours d’émeutes violement réprimées dans la ville et le gouvernorat de Siliana (voir encadré ci-dessous), mouvement de protestation qui commence à faire tâche d’huile, Moncef Marzouki est sorti de son silence vers 19 heures, vendredi soir sur les ondes de la télévision nationale, pour donner un carton jaune au gouvernement et rappeler à chacun ses responsabilités. En 10 minutes, avec une concision propre au médecin qu’il est, le président de la République tunisienne a conforté son envergure de chef d’État en montrant son empathie envers les régions déshéritées et pour les démunis, et en défendant les objectifs de la révolution.
L’armée tunisienne se retire de Siliana
Émeutes à Siliana, à 120 km au sud-ouest de Tunis, le 30 novembre 2012.
© Faouzi Dridi/AFP
L’armée s’était retirée samedi matin, quelques heures après son arrivée, de la ville tunisienne de Siliana, où des violences opposent manifestants et policiers depuis mardi, alors que des pourparlers entre le gouvernement et des syndicalistes sont attendus.
"L’armée a proposé de venir et assurer la sécurité pendant quelques jours, mais le ministère de l’Intérieur a refusé", a expliqué un policier à l’AFP, des propos confirmés par deux de ses collègues.
Les militaires étaient arrivés tard vendredi sous les hourras de la foule, alors que l’UGTT, la principale centrale syndicale, annonçait que l’armée assurerait la sécurité dans la ville et que la police, accusée d’exactions et de violences, allait se retirer.
De nouveaux rassemblements sont prévus en début d’après-midi dans cette ville située à 120 km au sud-ouest de Tunis. AFP
Marzouki a également exprimé son soutien à la société civile et s’est placé au dessus des débats et des accusations à tout va entre partis au pouvoir et opposition qui enveniment le climat politique. Il a aussi tenu à souligner le rôle essentiel des centrales syndicales prises à partie par différents représentants du gouvernement. Marzouki sort aussi quelque peu de ses prérogatives en pointant du doigt le mauvais « rendement » du gouvernement qu’il fustige pour qu’il revoie sa composition et entame la période qui précède les prochaines élections avec une équipe restreinte de technocrates.
"Gouvernement restreint"
« L’intérêt de la Tunisie nécessite aujourd’hui un gouvernement restreint et efficace regroupant les compétences, a-t-il dit. Nous n’avons pas une seule Siliana (…) j’ai peur que cela se reproduise dans plusieurs régions et que cela menace l’avenir de la révolution », a-t-il ajouté.
Le président s’élève aussi contre la lenteur des travaux de l’Assemblée constituante et souligne l’urgence de clore la rédaction de la Loi fondamentale et d’organiser des élections législatives et présidentielle, au plus tard en juin 2013.
Un discours qui montre que Moncef Marzouki prend ses disctances par rapport à la troïka au pouvoir et qui pourrait signifier que les jours de l’alliance gouvernementale sont comptés. Les contours des nouveaux rapports de force se matérialiseront à travers un remaniement, désormais inéluctable, mais aussi par le vote du budget de l’État et des articles de la Constitution.
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Par Frida Dahmani, à Tunis
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