Tunisie : plus de 250 blessés à Siliana lors de violences entre manifestants et policiers
Pour la deuxième journée consécutive, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, mercredi 28 novembre, à Siliana, en Tunisie. Le bilan fait état de plus de 200 blessés, selon des sources hospitalières.
Mis à jour le 29 novembre à 09h17
À Siliana, ville située à 120 km au sud-ouest de Tunis, quelques milliers de manifestants se sont rassemblés dans la matinée de mercredi pour poursuivre leur grève générale, entamée la veille, afin d’exprimer leur ras-le-bol de la pauvreté persistante et leur volonté de voir le gouverneur de la région, Ahmed Zine Mahjoubi, quitter son poste. Ce dernier est critiqué pour son incapacité à relancer l’économie et le développement des infrastructures. Ils exigeaient également la libération de 14 personnes arrêtées lors d’une première grève générale en avril 2011, et dont le jugement se fait toujours attendre.
Selon des sources hospitalières, 265 manifestants ont été blessés suite aux affrontements qui ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants. Ils souffraient d’impacts de chevrotine de petit calibre, de contusions, de fractures et de coupures. Dix-neuf personnes ont été éborgnées ou aveuglées par les tirs et ont été transférées à la clinique ophtalmologique de Tunis. Deux journalistes de la chaîne d’information France 24 ont été aussi légèrement blessés.
En colère contre la pauvreté
Dans la soirée un calme précaire était revenu. L’ensemble des commerces étaient fermés et des barricades formées par des manifestants avec des pneus enflammés barraient de nombreuses rues. Un groupe de jeunes bloquait par ailleurs la principale route menant à Siliana afin d’empêcher la venue de renforts policiers, alors que les syndicats appellent à de nouvelles manifestations jeudi. Quelques échauffourées ont encore eu lieu vers 21H30 locale (20H30 GMT).
« Les habitants de Siliana les plus touchés par la pauvreté ne se mettront jamais à genoux », a déclaré le secrétaire général du bureau régional de la centrale syndicale à Siliana, Néjib Sebti, ajoutant qu’ils étaient prêts à donner leur vie pour la défense de leurs droits. Et d’ajouter que les forces de l’ordre avaient tiré des coups de semonce et usé de gaz lacrymogène et de balles faites d’une matière encore non identifiée.
L’Intérieur "préoccupé"
Le ministère de l’intérieur n’a pas souhaité commenter ces événements, tandis que le cabinet du Premier ministre a déclaré être préoccupé par les manifestations dans les lieux publics de Siliana. Il a aussi déploré le recours à la violence des protestataires à l’encontre des forces de l’ordre, de même que les tentatives d’endommager les biens publics et de s’en prendre aux sièges de la souveraineté.
La veille, des violences similaires avaient secoué Siliana, alors que les autorités avaient eu recours à des balles de caoutchouc pour disperser la foule, faisant 24 blessés. Malgré qu’il ait été approuvé par les syndicats et différents partis politiques, le rassemblement pacifique avait rapidement été réprimé par les autorités dépêchées sur place.
La région de Siliana, à l’instar de la plupart des régions du centre de la Tunisie, est marquée par une grande pauvreté. Des données officielles indiquent que les investissements y ont baissé de près de 45% entre janvier et octobre 2012, en plus d’un recul dans la création d’emploi de 66%, par rapport à la même époque de l’année précédente.
(Avec AFP)
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