RDC : les rebelles du M23 ont entamé leur retrait de Goma
La rébellion congolaise du M23 a entamé mercredi 28 novembre son retrait de la ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Elle répond ainsi au préalable posé par Kinshasa avant toute négociation de paix.
D’abord le matériel, ensuite les troupes. Mercredi 28 novembre, les rebelles congolais du M23 ont amorcé leur retrait de la ville de Goma, capitale de la riche province minière du Nord-Kivu qu’ils occupent depuis plus d’une semaine.
Les premiers mouvements ont concerné des véhicules, des vivres et des munitions. D’après le chef militaire du M23, Sultani Makenga, le repli des troupes vers les positions d’origine de la rébellion, dans la région de Rutshuru, plus au nord, ne devait débuter que jeudi.
Mercredi matin, des habitants ont dit avoir « vu plusieurs dizaines de camions » civils de l’administration locale, réquisitionnés par les rebelles, « quitter Goma avec des vivres et des munitions », a rapporté une autorité locale sous couvert d’anonymat. Ces véhicules se « dirigeraient vers » Rutshuru, a-t-elle dit.
Regroupements ?
« Des gens nous disent que le nombre de militaires [du M23, NDLR] dans la ville est en train de diminuer », a de son côté déclaré le maire de Goma, Naason Kabuya Ndoole. « On a vu des mouvements du M23 dans les deux sens : des véhicules sont partis vers le Nord, en direction de Kibumba, avec 124 personnes ; mais on a vu aussi des véhicules arriver à Goma avec 129 personnes », a précisé Manodje Mounoubai, porte-parole de la Mission de l’ONU dans le pays (Monusco). « Est-ce qu’il s’agit de regroupements avant de ressortir ? On ne sait pas », a-t-il ajouté.
Selon un accord conclu samedi dernier à Kampala, la rébellion doit se retirer à au moins 20 kilomètres au Nord de Goma. Les chefs d’état-major des armées des pays de la région sont attendus vendredi à Goma pour s’assurer de ce retrait. Mercredi, le M23 occupait encore clairement Sake, ville située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la capitale du Nord-Kivu, sur la route menant au Sud-Kivu.
Jean-Marie Runiga s’est dit opposé au retour de l’armée à Goma et a évoqué une participation du M23 à "l’administration" de la ville.
À Goma, l’activité semblait normale. Comme depuis plusieurs jours, quelques rebelles se tenaient sur des carrefours mais leur présence était très discrète. Le nombre des rebelles au Nord-Kivu est estimé à environ 1 500, selon une source militaire occidentale.
Le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga, a par ailleurs déclaré sur Radio France Internationale (RFI) qu’il n’y avait « aucun problème » pour le retrait « militaire » des rebelles. Mais il s’est dit opposé au retour de l’armée à Goma et a évoqué une participation du M23 à « l’administration » de la ville.
Accusations de pillages
Dans le même temps, le gouvernement congolais a accusé les rebelles de piller ou de tenter de piller des bâtiments officiels à Goma, dont une morgue et une succursale de la Banque centrale, ainsi que des minerais stockés dans la ville, pour les emmener au Rwanda voisin.
Les soldats du M23 sont d’ex-rebelles, en majorité des Tutsis congolais intégrés dans l’armée régulière en 2009 après la signature d’accords de paix. Accusés par Kinshasa et l’ONU d’être soutenus par Kigali et Kampala, ce que les deux capitales démentent, ils se sont mutinés en avril dernier, reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté ses promesses. L’enjeu pour eux est notamment de pouvoir rester dans leur région du Kivu : ils refusent toute mutation pour protéger leurs familles et, sans doute, leurs intérêts.
Le porte-parole du gouvernement a affirmé mardi que si le retrait des rebelles était « effectif », le président Joseph Kabila allait « procéder à un réexamen des accords de 2009 et répondre aux griefs qu’il juge légitimes ». Malgré un bilan officiel, la Croix-Rouge congolaise a toutefois indiqué avoir ramassé dans les rues 62 corps « de civils et de militaires » après la prise de Goma.
Nouvelle résolution à l’ONU
Parallèlement, à New-York, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mercredi une résolution qui demande une nouvelle fois au M23 de déposer les armes et qui dénonce l’appui extérieur apporté aux rebelles congolais.
La résolution, déposée par la France et adoptée à l’unanimité, exige de nouveau que cesse immédiatement tout appui extérieur au M23, sans toutefois citer nommément le Rwanda, mis en cause par des experts de l’ONU. Le texte confirme l’intention du Conseil d’envisager de « nouvelles sanctions ciblées (…) contre les dirigeants du M23 et les personnes qui (lui) fournissent un appui extérieur ».
Le Conseil se déclare « profondément préoccupé par les informations indiquant que le M23 continue de bénéficier d’un appui extérieur, notamment par des renforts militaires, des conseils tactiques et des livraisons de matériel ». La résolution exprime également l’appui sans faille du Conseil au groupe d’experts de l’ONU qui ont accusé le Rwanda, ainsi que l’Ouganda, de soutenir et armer les rebelles du M23, et elle invite le Secrétariat des Nations unies à prolonger leur mandat jusqu’au 1er février 2014.
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...