Les Égyptiens manifestent en masse pour dénoncer le « nouveau pharaon » Morsi

La décision du président Mohamed Morsi de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels a provoqué la colère des Égyptiens. Au Caire, plusieurs cortèges rassemblant des dizaines de milliers de personnes ont convergé vers la place Tahrir, mardi 27 novembre. Des manifestations hostiles au président ont également touché les principales villes du pays.

Manifestation place Tahrir, le 27 novembre 2012 au soir. © AFP/Gianluigi Guercia

Manifestation place Tahrir, le 27 novembre 2012 au soir. © AFP/Gianluigi Guercia

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Publié le 28 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

À vouloir tester les limites de son peuple, le président Mohamed Morsi est-il allé trop loin ? Sa décision, le 22 novembre, de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels a provoqué la colère des Égyptiens. Au Caire, plusieurs cortèges, rassemblant des dizaines de milliers de personnes ont convergé sur la place Tahrir, mardi 27 novembre. Les détracteurs du chef de État dénoncent un comportement de « nouveau pharaon ».

« Dégage ! », scandaient les manifestants, reprenant le slogan emblématique du Printemps arabe, dont faisait partie la révolte qui avait chassé du pouvoir le président autocratique Hosni Moubarak, en février 2011. Une banderole déployée à une entrée de la place proclamait : « Interdit aux Frères musulmans », parti islamiste conservateur dont est justement issu Morsi. « Nous ne voulons pas remplacer un dictateur par un autre », a affirmé un étudiant, Asser Ayoub, 23 ans.

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Comme tous les jours depuis une semaine, des heurts sporadiques ont eu lieu près de la place Tahrir, symbole de la révolution égyptienne, aux abords de l’ambassade des États-Unis, entre des jeunes et la police qui répondait aux jets de pierres par des tirs de gaz lacrymogène. Selon l’Alliance populaire, un petit parti de gauche, un de ses militants y est mort asphyxié, ce qu’a confirmé une source médicale. Il s’agit du troisième décès provoqué par les troubles de ces derniers jours. Des violences qui ont été dénoncés par de nombreux manifestants anti-Morsi à Tahrir, désireux de garder un caractère pacifique à leur manifestation.

Tâche d’huile

Les manifestations hostiles au président ont touché d’autres villes du pays, comme la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, ainsi qu’à Tanta (nord), Assiout, Sohag et Minya (centre). Dans le delta du Nil (nord), à Mahalla, les opposants s’en sont pris, selon un responsable des services de sécurité, au siège du Parti de la liberté et de la justice (PLJ, Frères musulmans). Celui-ci a recensé 80 blessés dans ses rangs lors de heurts avec des anti-Morsi.

Les opposants s’en sont aussi pris aux locaux de la confrérie à Mansoura (Nord). À Alexandrie, deuxième ville du pays, des milliers de personnes ont protesté contre le président sur une grande place bordant la Méditerranée. En début de soirée, une contre-manifestation de partisans de Mohamed Morsi a aussi attiré plusieurs milliers de personnes.

Morsi prétend que ses nouveaux pouvoirs lui permettront d’engager des réformes indispensables pour la marche vers la démocratie.

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Après une rencontre avec la hiérarchie judiciaire lundi, le président égyptien Morsi a maintenu le décret controversé par lequel il s’est autorisé à prendre toute mesure jugée nécessaire pour « protéger la révolution », aussi bien sur les plans législatif et exécutif que, désormais, judiciaire. Il prétend notamment que ses nouveaux pouvoirs lui permettront d’engager des réformes indispensables pour la marche vers la démocratie et cesseront avec l’adoption prévue dans quelques mois de la nouvelle Constitution.

Situation trouble

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« Nous ne savons pas encore ce qui va résulter de ces (rencontres). Mais on est loin d’un autocrate qui dirait simplement "c’est ça ou rien" », a réagi la porte-parole du département d’État américain, Victoria Nuland, prenant acte de cette rencontre.

La situation en Égypte « n’est pas claire », a toutefois commenté mardi le département d’État, appelant à la fin de « l’impasse constitutionnelle ». De son côté, l’ambassade des États-Unis au Caire a toutefois semblé plus critique. « Le peuple égyptien a clairement indiqué lors de la révolution du 25 janvier qu’il en avait assez de la dictature », peut-on ainsi lire sur un tweet du compte officiel de l’ambassade (@USEmbassyCairo).

(Avec AFP)
 

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