Affaire Firmin Mahé : le procès des militaires français s’est ouvert à Paris en l’absence des proches de la victime
Le procès des quatre anciens militaires français accusés du meurtre en 2005 de l’Ivoirien Firmin Mahé s’est ouvert, mardi 27 novembre au matin, devant la Cour d’Assises de Paris. Mais les huit proches de la victime, cités à comparaître, étaient absents, faute de visa.
Mis à jour le 28/11 à 12h16.
Dans une salle d’audience comble, l’avocat des proches de Firmin Mahé, Me Fabien Ndoumou, était pourtant seul sur son banc, ce mardi 27 novembre. Ses clients – huit au total, cités à comparaître le 28 novembre – n’ont toujours pas obtenu de visa pour se rendre en France. « Il ne s’agit, après tout, que d’un cachet sur un passeport ! » s’est enflammé Me Ndoumou, qui y voit surtout un manque de « volonté politique ».
Pourtant, selon une source officielle française, il s’agit en réalité « d’un problème de délivrance de passeport biométrique du côté ivoirien ». « Une partie de la famille » de Mahé n’aurait toujours pas – et c’est aussi une question de délai – de passeports biométriques à jour, et n’aurait donc pas déposé de demande de visa.
Dans la foulée, le président de la Cour a demandé à l’avocate générale si la chancellerie ne pouvait intervenir auprès du ministère français des Affaires étrangères pour débloquer la situation. L’avocate générale lui a répliqué qu’elle n’avait été mise au courant de ces difficultés que très « tardivement ».
Étouffé dans un sac plastique
Quoi qu’il en soit, les quatre accusés étaient, quant à eux, bien présents et comparaissaient libres. Tous étaient membres de la force Licorne, déployée en Côte d’Ivoire dès septembre 2002 et sont accusés d’être impliqués dans la mort de Firmin Mahé – qu’ils avaient identifié comme « coupeur de routes » -, survenue le 13 mai 2005, près de Bangolo (Ouest) dans un véhicule blindé français, lors d’un transfert vers Man (nord-ouest). Tous les quatre, ont depuis, quitté l’armée.
- Éric Burgaud, 50 ans, colonel au moment des faits est aujourd’hui cadre en entreprise. Il aurait donné l’ordre de tuer Mahé, mais affirme en avoir reçu l’ordre du général Poncet- qui a bénéficié d’un non-lieu en 2010.
- Guy Raugel, 48 ans, sans profession, était adjudant-chef. C’est lui qui a mis fin aux jours de Firmin Mahé en l’étouffant avec un sac poubelle et du scotch. Il a reconnu les faits.
- Johannes Schnier, ex-brigadier-chef, a aujourd’hui 35 ans et est désormais électricien. Il a maintenu le corps de Mahé pendant l’étouffement mais affirme n’avoir réalisé les intentions d’homicide qu’à la toute fin.
- Lianrifou Ben Youssouf, 32 ans, ancien brigadier, est aujourd’hui au chômage. Il conduisait le blindé et dit ne s’être rendu compte de rien.
Fabien Ndoumou, l’avocat de la famille de Firmin Mahé, le 27 novembre 2012 au Palais de justice de Paris.
© Kenzo Tribouillard/AFP
Sur fond de crise ivoirienne complexe et de problèmes hiérarchiques au sein de la Force Licorne, le procès a pour ambition de dégager les réelles responsabilités et d’éclaircir les zones d’ombres. De qui est d’abord venu l’ordre de tuer Mahé ? De Burgaud ou de plus haut ? Mahé était-il réellement le dangereux « coupeur de route » décrit par les militaires français ? Une thèse que réfute en bloc sa famille, qui parle d’une confusion et évoque une homonymie.
Une trentaine de témoins sont cités pour ce procès. Parmi eux : le général Poncet et l’ancienne ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, citée par la défense, qui témoigneront tous deux le 4 décembre. Le procès, lui, se déroulera jusqu’au 7 décembre prochain.
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Par Haby Niakaté (@HabyN)
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