Violences au Soudan du Sud : les femmes et les enfants d’abord ?

Selon un rapport de Médecins sans frontières (MSF) publié le 27 novembre, les tensions ethniques sont fortes dans l’État de Jonglei, au Soudan du Sud. Et les femmes et les enfants sont de plus en plus visés par les violences qui s’y déroulent.

Personnes déplacées attendant une distribution de nourriture à Pibor (Jonglei), le 12 janvier. © Hannah Mcneish/AFP

Personnes déplacées attendant une distribution de nourriture à Pibor (Jonglei), le 12 janvier. © Hannah Mcneish/AFP

Publié le 27 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Au Soudan du Sud, les femmes et les enfants sont de plus en plus souvent victimes de violences dans l’État du Jonglei, conclut un rapport publié mardi 27 novembre par Médecins sans Frontières (MSF). En cause : des conflits inter ethniques, mais aussi des exactions commises par des rebelles et des soldats de l’armée du Soudan du Sud.

« La majorité de ceux que nous avons soignés au cours de l’année écoulée ont été victimes de violences intercommunautaires, qui ont impliqué un grand nombre de femmes et d’enfants », a expliqué le directeur des opérations de MSF, Chris Lockyear.

la suite après cette publicité

Et si les attaques étaient pour la plupart motivées par des tentatives de faire main basse sur le bétail de clans adverses, l’ONG note que, désormais, les civils sont de plus en plus délibérément visés, ajoutant que « femmes et enfants constituent une importante proportion des victimes soignées par les équipes de MSF ».

Assassinats d’enfants

L’ONG soutient ainsi que des « dizaines de milliers d’hommes, femmes et enfants ont été régulièrement attaqués, tués et déplacés » depuis 2011 dans cet État, le plus vaste du Soudan du Sud. Les témoignages rapportés par MSF parlent d’eux-mêmes. Parmi les victimes, une femme de 55 ans : « Ils ont mis le feu aux huttes et jeté des enfants dans les flammes », dit-elle. « Parce que je suis vieille, je ne peux pas courir et ils ont tué les enfants qui étaient avec moi (…) si les enfants peuvent courir, ils les abattent, s’ils sont petits et ne peuvent pas courir, ils les tuent au couteau ».

Ils ont pris mon bébé et lui ont frappé la tête à coups de pieds.

Une autre femme, âgée de 24 ans, raconte elle aussi son calvaire : « Ils ont pris mon enfant de quatre ans et l’ont poignardé, ils l’ont tué comme un animal, ils lui ont tranché la gorge. Puis ils ont pris mon bébé et lui ont frappé la tête à coups de pieds ». Selon la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), ce sont plus de 2 600 personnes qui ont été tuées dans le Jonglei dans des violences commises au cours des 18 derniers mois.

la suite après cette publicité

Voir le film de MSF, avec des témoignages de victimes :

la suite après cette publicité

Bilan sous-estimé

La Minuss rapporte notamment que plus de 600 Sud-Soudanais ont été tués à la fin de 2011 lors d’une attaque menée par environ 6 000 hommes de la tribu Lou Nuer contre leurs rivaux Murle, dans la zone de Pibor au Jonglei. À ce bilan s’ajoutent quelque 300 personnes massacrées dans des raids de représailles lancés en début de 2012.

Mais selon des représentants locaux, les chiffres de la Minuss sont largement en-deçà de la réalité. Le Jonglei été l’un des principaux théâtres des violences opposant l’armée de Khartoum et les rebelles sudistes du Mouvement pour la libération des peuples du Soudan (SPLM), qui détient le pouvoir à Juba depuis l’indépendance du Soudan du Sud, en juillet 2011. Le conflit entre les deux parties s’est étalé de 1983 à 2005, et a contribué à renforcer les tensions intercommunautaires, alors que certains clans avaient joint les rangs de la rébellion et d’autres, les milices de Khartoum.

(Avec AFP)

________

Retrouver l’intégralité du rapport de MSF ici (en anglais).

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires