Burkina Faso : élections couplées, mode d’emploi
Le scrutin simultané (législatives et municipales) du 2 décembre est une première au Burkina Faso. Tour d’horizon des enjeux de ce rendez-vous avec les urnes.
Depuis le 17 novembre, les quelque 6 074 candidats aux élections législatives (qui se tiennent conjointement aux municipales) ont commencé à battre campagne. Deux semaines d’une opération-séduction qui prendra fin le 30 novembre à minuit. Après quoi, les électeurs pourront se rendre le surlendemain dans l’un des 14 687 bureaux de vote du Burkina Faso pour élire simultanément leurs 127 députés et 18 584 conseillers municipaux.
Organisation
Le vote se déroule en une seule fois. Divisé en deux zones distinctes, l’une pour les municipales, à gauche, et l’autre pour les législatives, à droite, le bureau de vote est placé sous l’autorité d’un président/coordonnateur qui siège au centre.
De part et d’autre, un assesseur et un secrétaire accueillent à chaque fois l’électeur qui se soumet aux formalités d’usage avant d’aller faire son choix dans le secret de l’isoloir situé au coin de la salle. Enfin, ce dernier glisse son bulletin dans l’urne. Entre temps, son doigt a été marqué à l’encre indélébile. Ce n’est qu’après tout cela que le votant renouvelle la manœuvre pour le scrutin législatif en passant de l’autre côté de la pièce.
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) ne ménage pas ses efforts pour expliciter ce processus car ces élections couplées sont les premières du genre au Burkina. Ce sont aussi les premières élections depuis la crise qui a secoué le pays, début 2011. À ce titre, la préservation d’un climat apaisé est capitale.
Enjeux
L’enjeu n’est pas le même selon les camps. Du côté du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir, il importe de conserver la majorité en obtenant que ses candidats, en grande partie renouvelés, soient plébiscités. En effet, sur les 73 députés en fin de mandat, seul un cinquième se représente, le reste des candidats étant constitué de nouvelles figures.
C’est le cas dans la province centrale du Kadiogo (chef-lieu Ouagadougou) où se déroulera le duel tant attendu entre François Compaoré du CDP et Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le Progrès et le changement (UPC). Sur les neuf sièges qui sont à prendre dans cette province, le parti majoritaire aura du mal à opérer une razzia.
Et pour les partis d’opposition déjà installés à l’assemblée, il s’agit de conserver les fiefs conquis tout en entreprenant l’expansion. C’est le cas de Hama Arba Diallo, député-maire de Dori (nord), qui ambitionne de conquérir les autres provinces de la région du Sahel. « Pour nous déloger, il faudra se lever de bonne heure » prévient-il, sûr de son bilan. La tâche sera dure pour Baba Hama, ministre de la Culture et challenger de l’opposant dans la circonscription du Séno.
Près de la moitié du gouvernement (16 candidats) est engagée dans ces législatives, y compris le Premier ministre. D’où la question d’un éventuel remaniement postélectoral au cas où la légitimité nominative n’est pas confirmée par la légitimité élective.
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