RDC : aux portes de Goma, le M23 impose ses exigences à Kinshasa
À la suite d’une grande offensive durant le week-end, les rebelles du M23 sont arrivés à 5 km du centre de Goma, où les scènes d’exode se multiplient. Les mutins menacent de prendre complètement la ville si les FARDC les attaquent et si leurs exigences ne sont pas satisfaites.
Ils avaient beau promettre qu’ils ne cherchaient pas à « prendre Goma », les soldats du Mouvement du 23 mars (M23) sont désormais aux portes de la ville. Les conditions qu’ils exigent du gouvernement congolais pour qu’ils arrêtent leur progression comprennent notamment une démilitarisation totale de la capitale du Nord-Kivu, la Monusco ne devant conserver à leurs yeux que son rôle de protection des populations civiles.
Selon une source militaire occidentale, les rebelles se seraient arrêtés à 5 km du centre-ville, sur les hauteurs, à la suite d’un accord passé avec l’armée congolaise. De fait, de nombreux chefs des Forces armées de la RDC (FARDC) ont déjà fui la ville, dimanche, en compagnie de civils par milliers et de réfugiés d’un camp voisin, qui comptait 30 000 personnes avant les combats. Des scènes d’exode qui suivent une offensive majeure du M23 durant le week-end – la plus grande depuis le début de la mutinerie en mai dernier.
Selon le vice-gouverneur provincial, Feller Lutaichirwa, les militaires congolais se sont retirés afin « d’éviter un bain de sang » dans Goma, « ville de déplacés, prise en étau », entre le lac Kivu et la zone occupée jusqu’à présent par le M23. Le porte-parole de l’armée à Goma a cependant affirmé que les FARDC étaient en position aux abords de la ville, notamment à Munigi, au Nord, près de l’aéroport, où les rebelles disent avoir pris position. « Si les FARDC nous attaquent, on prendra la ville », a expliqué le colonel Innocent Kayina, un responsable du M23 dans le secteur.
Des Casques bleus de l’ONU en mission en RDC observent les manoeuvres des rebelles du M23, le 18 novembre 2012, aux abords de Goma.
© AFP
Hélicoptères de l’ONU
Munigi jouxte également une base de l’ONU occupée par un bataillon sud-africain. Selon un porte-parole des Nations unies à New-York, Kieran Dwyer , la Monusco a essayé samedi de stopper l’avancée rebelle en utilisant « quatre hélicoptères de combat ». Sans succès. Les responsables civils de la ville sont partis par bateaux sur le lac Kivu vers Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, distante d’environ 80 kilomètres au Sud où ils sont arrivés en fin d’après-midi. Les chefs militaires, quant à eux, se seraient regroupés à Sake (20 km à l’est de Goma).
« Nous sommes en panique générale », a déclaré un chauffeur de taxi. Le porte-parole de la province du Nord-Kivu, Célestin Sibomana n’a pas hésité à évoquer « une débandade » et à dénoncer l’inaction des Casques bleus. Lesquels « resteront dans Goma (est) », a assuré dimanche le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, ajoutant qu’aucune action visant les forces de l’ONU, qui disposent de 6 700 hommes dans le Nord-Kivu, « ne sera tolérée ».
Une réfugiée congolaise arrive à la base de l’ONU à Munigi, le 18 novembre 2012.
© Phil Moore/AFP
Pas de "brassage"
Le Conseil de sécurité de l’ONU a d’ailleurs demandé samedi l’arrêt de l’avance de la rébellion vers Goma et que « tout soutien extérieur et toute fourniture d’équipement au M23 cessent immédiatement ». Des propos qui visent indirectement le Rwanda voisin, accusé par l’ONU et Kinshasa de soutenir les rebelles, ce que Kigali dément.
La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, ainsi que les diplomaties française et anglaise ont également mis en garde le M23 et ses soutiens contre la poursuite des violences et l’aggravation de la situation. Les mutins réclament une meilleure application des accords de 2009 avec le gouvernement congolais portant sur l’intégration des anciens membres de la rébellion pro-rwandaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) au sein des forces loyalistes. Ils exigent notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent le « brassage » que veut leur imposer Kinshasa ce qui les éloignerait de leur zone d’influence dans l’est de la RDC.
(Avec AFP)
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