Oumar Sarr, coordonateur du PDS : « Des audits, oui, mais ni téléguidés, ni sélectifs »
Patron par intérim du Parti démocratique sénégalais (PDS) depuis qu’Abdoulaye Wade se repose en France, Oumar Sarr est l’un des sept barons de l’ancien régime à figurer sur la liste du procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Sa convocation devant la section de recherche de la gendarmerie ne devrait pas tarder. Mais pour lui, pas question de reconnaître cette juridiction d’exception.
Jeune Afrique : Le PDS a affirmé en début de semaine qu’aucun de ses membres ne répondrait aux convocations de la CREI, avant de faire marche arrière. Qu’en est-il ?
Oumar Sarr : Nos propos ont été mal interprétés. Ce que nous avons dit, c’est que nous ne reconnaîtrions pas la compétence de cette cour. D’abord parce qu’elle va à l’encontre des droits de la défense. Ensuite parce qu’en tant qu’anciens ministres, c’est à la Haute cour de justice de nous juger. Par contre, nous répondrons aux convocations de la gendarmerie, car nous sommes en faveur du contrôle des deniers publics. C’est normal qu’il y ait des audits sur la gestion passée. Mais ils ne doivent pas être téléguidés ni sélectifs. Que l’on soit audité, d’accord, mais il faut que toute la période au cours de laquelle nous avons été au pouvoir, de 2000 à 2012, soit prise en considération. Dans ce cas, l’actuel chef de l’État Macky Sall aussi, devra être entendu. Comment expliquez-vous qu’il ait un tel patrimoine, évalué à 4 milliards de francs CFA, alors qu’en 2000, il avait du mal à payer son loyer !?
Vous évoquez « une chasse aux sorcières »…
Oui, on constate que ceux qui soutiennent Macky sont laissés tranquilles. Et ceux qui s’opposent sont menacés. C’est une attaque en règle contre le PDS. L’objectif est de l’anéantir. C’est aussi une manière de prétendre que des choses sont faites. Comme le régime actuel n’a pas fait grand-chose depuis six mois, et qu’il sent que la population est en colère, il fait diversion en nous convoquant.
Le procureur indique disposer d’éléments de preuves. Plusieurs centaines de milliards auraient disparu des caisses de l’Etat ces dernières années. Êtes-vous opposé à des enquêtes judiciaires ?
Non, mais elles doivent se faire dans le respect des droits de la défense ! Si quelqu’un a fauté, c’est à l’enquête de le prouver, et non le contraire comme c’est le cas avec cette cour. Moi, je travaille depuis 1981. Pour expliquer mon patrimoine, il faudrait que je retrouve toutes les fiches de salaire depuis cette époque. C’est impossible !
Vous parlez d’« entrer en résistance ». Comment ?
À chacune des convocations devant la gendarmerie, des militants de notre parti et ses dirigeants seront là pour soutenir la personne. Et dès ce week-end, nous allons organiser des marches de protestation dans le pays. Nous allons en outre rencontrer les chefs religieux et coutumiers pour les informer de la situation, et nous allons demander à parler aux chancelleries étrangères.
Quid du grand déballage que vous promettez depuis plusieurs jours ? Est-ce du bluff ?
Non, mais on ne va pas sortir toutes nos armes en même temps. Nous savons des choses. Nous avons géré l’Etat avec Macky Sall.
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Propos recueillis à Dakar par Rémi Carayol
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