Afrique subsaharienne : moins d’enfants, plus d’argent
Selon le rapport 2012 de l’ONU sur l’état de la population mondiale, les investissements dans la planification familiale représentent un énorme avantage économique pour l’Afrique. Un constat qui n’est pas inédit. Pourtant, les États semblent peu pressés de s’y mettre.
Le rapport 2012 de l’ONU sur l’état de la population mondiale ne révèle rien de fracassant. Le discours est même bien connu en Afrique, où le plaidoyer pour la planification familiale dure depuis des décennies. Et pourtant, les efforts consentis par les États sont encore insuffisants, déplore l’ONU.
L’équation est simple. Des enfants moins nombreux et en meilleure condition, tout comme leur mère, c’est également moins de personnes à soigner par la suite. Exemple : selon l’ONU, si les mères nigérianes se limitaient dans les vingt prochaines années à quatre enfants, au lieu de cinq, l’État y gagnerait au moins 30 milliards de dollars.
D’autant qu’une jeune maman plus disponible, potentiellement plus éduquée, se fait plus facilement une place sur le marché du travail. En meilleure santé, elle y reste même plus longtemps. Résultat : moins de dépenses pour les enfants et davantage de revenus pour le foyer. Toujours selon les Nations Unies, un accroissement d’une seule année de l’espérance de vie permettrait au PIB par habitant d’augmenter de 4%. En d’autres termes, en Afrique subsaharienne, le PIB moyen par habitant passerait de 1000 à 1040 dollars.
Où sont les États ?
L’ONG américaine Population Reference Bureau avance même un chiffre édifiant : un dollar alloué au planning familial permettrait à l’État d’en gagner trois. Pour l’Afrique de l’Ouest, l’organisation estime que 84 millions de dollars investis permettrait d’en économiser 246 millions, notamment dans le secteur de la santé.
Cependant, malgré ces évidences, la planification familiale n’est pas un investissement à la mode. En Afrique subsaharienne, où les réticences culturelles demeurent fortes, les États n’en ont pas fait une priorité, lui préférant des secteurs jugés plus urgents, notamment le traitement des maladies infectieuses. Résultat, en RDC, quinze personnes sur 100 utilisaient la contraception en 1997. Dix ans plus tard, ils n’étaient plus que 7%.
Les efforts restent insuffisants face à une explosion de la population et des besoins : dans les pays en développement, plus de 8 milliards de dollars seraient aujourd’hui nécessaires pour les satisfaire. Quatre milliards sont encore manquants.
Par Mathieu Olivier (@MathieuOlivier)
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