Cameroun : l’homosexualité toujours en procès
Lundi 19 novembre, Roger Jean-Claude Mbédé devrait être fixé sur son sort. Condamné en 2011 à trois ans de prison ferme pour avoir avoué son amour à un autre homme par SMS, ce Camerounais attend la décision de la Cour d’appel de Yaoundé. Son espoir : que la mobilisation en sa faveur sur Internet pousse le tribunal à abandonner les charges.
La décision pourrait être historique. La Cour d’appel de Yaoundé va rendre son verdict, lundi 19 novembre, dans le procès de Roger Jean-Claude Mbédé. Ce Camerounais de 33 ans avait été condamné le 28 avril 2011 à trois années de prison ferme pour homosexualité. Son délit : avoir avoué son amour à un autre homme. « Roger a été arrêté pour avoir envoyé ce SMS à un autre homme : "Je suis très amoureux de toi" », explique ainsi l’association de défense des droits des homosexuels, All Out.
Écroué à la prison Kondengui de Yaoundé, Roger Mébdé risquait pour ce simple geste jusqu’à cinq années de prison. Soutenu par des militants des droits de l’homme, il avait cependant remporté une première victoire en obtenant une remise en liberté provisoire, le 16 juillet. Depuis, ayant fait appel de la décision du tribunal, Roger Mbédé espère mieux : un abandon des charges.
"Des possibilités sans précédent"
Avec lui, près de 120 000 personnes, signataires d’une pétition mise en ligne sur Internet le 13 septembre, attendent avec impatience la décision de la Cour d’appel de Yaoundé. Un soutien qui n’est pas négligeable et qui met en lumière l’apparition, grâce à Internet, d’un espace de liberté d’expression qui pourrait bien favoriser l’évolution des mentalités au Cameroun.
Yves, signataire de la pétition interrogé par le site Radio Netherlands worldwide, explique : « Je n’aurais jamais été capable de parler aussi ouvertement dans un journal papier ou à la radio. L’anonymat qu’offre Internet me permet de me battre librement pour mes droits sans avoir peur de finir en prison. »
Attaques et prison
La route est toutefois encore longue, tant l’homophobie est ancrée dans le paysage camerounais. « Si quelqu’un comme Roger peut être jeté en prison pour avoir envoyé un SMS à un autre homme, comment les gays et les lesbiennes du Cameroun peuvent-ils espérer défendre leurs droits fondamentaux sans craindre les attaques ou la prison ? » s’est ainsi interrogé le directeur exécutif de All Out, Andre Banks.
Un autre cas, celui d’Hugues Fouatie, n’incite guère à l’optimisme. Ce dernier a en effet obtenu, le 5 novembre, l’asile politique en Suisse. Son crime : être homosexuel au Cameroun. Sa seule solution, pour le moment : la fuite.
Par Mathieu Olivier (@MathieuOlivier)
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