En France, Matata Ponyo se fait l’avocat des progrès de la RDC

À l’occasion de sa visite en France, du 14 au 16 novembre, le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo tente de rassurer les investisseurs potentiels, notamment en minimisant les tensions entre Kinshasa et Paris. Pendant ce temps, la crise continue au Nord-Kivu, et les crispations ethniques s’intensifient dans la région du Masisi.

Augustin Matata Ponyo, le 14 novembre 2012 à Paris. © Pierre Verdy/AFP

Augustin Matata Ponyo, le 14 novembre 2012 à Paris. © Pierre Verdy/AFP

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Publié le 15 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Rassurer, notamment les investisseurs. C’est l’objectif principal de la visite en France de Augustin Matata Ponyo, qui a vanté « les potentialités énormes », de son pays, citant les secteurs des mines, des hydrocarbures, de l’agriculture, des infrastructures, des télécommunications et de l’industrie. Mais le Premier ministre congolais a d’abord cherché à minimiser les tensions existantes entre Paris et Kinshasa.

« Contrairement à ce que d’aucuns peuvent croire, les relations entre la France et la RDC n’étaient pas tendues » lors du sommet de la Francophonie de Kinshasa, a-t-il affirmé. « Il ne faut pas se fier aux apparences. Ce sommet a été l’occasion pour les responsables d’observer qu’il y a eu beaucoup de progrès. Il reste encore beaucoup à faire, c’est ce à quoi nous nous attelons ».

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Conflits ethniques au Masisi

Une route de Rumangabo, le 18 octobre 2012.

© Junior D.Kannah /AFP

À l’Ouest de Goma, capitale du Nord-Kivu, s’étend le Masisi. Délaissé par les forces loyalistes congolaises, parties se battre plus au Nord contre le M23, ce territoire est de plus en plus la proie des conflits ethniques, a annoncé dans un communiqué, mercredi 15 novembre, le service Jésuite des réfugiés (JRS), qui soutient cinq camps de réfugiés dans la région.

« Prises au milieu du feu entrecroisé de groupes rebelles opposés », au moins 18 civils ont été tués depuis août, affirme dans le JRS qui appelle les forces de maintien de la paix des Nations (Monusco) et l’armée congolaise à intervenir. Car dans le Masisi, explique un jésuite, « la population se sent abandonnée par les forces de la Monusco qui n’a pas réussi son mandat ».

Selon les religieux, plusieurs groupes armés représentant notamment les communautés hunde et hutue s’opposent violemment. « La situation se détériore tous les jours », explique Danilo Gianese, responsable de la communication du JRS, qui refuse de préciser les raisons des exactions. À la fin de septembre, plusieurs villages hunde ont été incendiés par des membres de la milice hutue Nyatura. Le 3 novembre, plusieurs femmes au champ ont été tuées à quelques km de Masisi et le 11 novembre un hutu a été tué à Ngote par une milice appelée Forces de défense du Congo, selon le JRS.

François Hollande avait notamment conditionné sa participation au sommet de Kinshasa à des avancées en matière de démocratie et de justice, dénonçant des « réalités inacceptables » en RDC. Le procès des assassins présumés du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya est notamment suivi de très près par Paris.

Réforme de la Ceni

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« Il faut laisser la justice faire son travail », a déclaré Matata Ponyo, pour qui la procédure engagée ira « jusqu’à son terme. (…) La justice congolaise a donné, à tous, de manière exceptionnelle la possibilité de suivre ce procès, de manière publique, télévisée », relève-t-il.

À propos de la démocratie, le Premier ministre a rappelé que le Parlement congolais débattait actuellement d’un projet visant à restructurer la commission nationale électorale indépendante (Ceni). « Les députés de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition sont en train d’y travailler et nous avons la ferme conviction que nous aboutirons à un projet commun ».

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Mais le sujet chaud du moment c’est évidemment la guerre dans l’est de la RDC, au Nord-Kivu (voir encadré ci-contre), confronté depuis six mois à la rébellion du M23. Matata Ponyo a appelé la France à défendre aux Nations unies la voix de son pays, notamment pour que des responsables rwandais, accusés par l’ONU de soutien au M23, soient sanctionnés. Comme l’a été le leader de la rébellion, le colonel Sultani Makenga, qui a été placé mardi sur la liste noire des États-Unis.

Sanctions contre des responsables rwandais

« Nous souhaitons que la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité porte haut et fort la volonté de la RDC que tous ceux qui sont impliqués dans ce rapport soient sanctionnées », a souligné Matata Ponyo, précisant avoir discuté de cette question mercredi à l’Elysée avec le conseiller diplomatique de François Hollande, Paul-Jean Ortiz.

Matata Ponyo doit également rencontrer plusieurs membres du gouvernement français, dont le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius (jeudi) et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault (vendredi), ainsi que des opérateurs économiques.

L’interview vidéo de Matata Ponyo par Jeune Afrique, le 15 novembre à Paris :

(Avec AFP)
 

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