RDC : Augustin Matata Ponyo et la grogne des députés frustrés

Lundi 12 novembre, le Premier ministre de la RDC, Augustin Matata Ponyo, a dû défendre pied à pied son budget 2013 devant des députés qui réclament un doublement de leur salaire sans l’obtenir. De là à voir un rapport de cause à effet entre leur frustration et leur mauvaise volonté…

Les députés congolais, le 12 novembre 2012 à Kinshasa. © Junior D.Kannah/AFP

Les députés congolais, le 12 novembre 2012 à Kinshasa. © Junior D.Kannah/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 13 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Laissés de côté par la République ? Incompris et méprisés ? Ou simples enfants gâtés ? Quoi qu’il en soit, les députés congolais n’ont pas une très grande réputation d’efficacité même s’ils restent très… gourmands. Alors que leur train de vie a été récemment revu à la baisse, leurs émoluments mensuels passant de 6 000 à 4 250 dollars, ils réclament depuis plusieurs mois un doublement de leur salaire, pour rejoindre les sénateurs qui gagnent selon eux quelque 13 000 dollars par mois.

À l’ouverture de la session parlementaire, la majorité présidentielle a ainsi présenté une motion en ce sens, qui a été rejetée par le bureau. Du coup, c’est une vraie fronde qui s’est levée contre le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, à l’heure d’étudier le budget 2013 qui, selon des éléments publiés dans la presse, comporte un déficit de plus de 100 milliards de francs congolais (85 millions d’euros) sur un total de 7 000 milliards.

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Reddition des comptes

Et dès l’ouverture de la plénière, lundi 12 novembre, au Palais du Peuple, les discussions se sont corsées. Mata Ponyo a notamment été mis en difficulté car les comptes de 2011 n’ont pas encore été rendus. Et la majorité a vacillé, jusqu’à ce que le président de l’Assemblée, Aubin Minaku, siffle la fin de la récréation en affirmant que la reddition des comptes pouvait suivre et non précéder l’étude du futur budget.

Pendant de longs moments, la majorité présidentielle a ainsi été sensible aux arguments de l’opposition. « Comment voulez vous moderniser la RDC avec un budget si modeste ? » avait notamment demandé, mardi 6 novembre, Jean Claude Vuemba Luzemba, du Mouvement du peuple congolais pour la République. Qui s’est aussi interrogé sur les recettes pétrolières. Officiellement, un accord de partage de production signé avec l’Angola en 2009 aurait rapporté 9 millions de barils en 2012 pour une estimation de 600 millions de dollars de recettes. Mais aucune prévision pour 2013 n’a pu être établie, et d’autres revenus pétroliers auraient aussi été escamotés, a précisé le député.

Explosion de la masse salariale

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Lundi, les députés ont donc poussé le gouvernement à réagir. Ils ont d’abord énuméré les ponts sur le point de s’écrouler, les routes qui se dégradent, les lignes à haute tension en attente d’installation et les campagnes de vaccinations qui ne sont faites que par les organisations internationales. Selon eux, les ressources attribuées aux provinces sont aussi réparties de manière injuste : il y en aurait trop pour le Katanga (sud-est), d’où est originaire le président Joseph Kabila, ainsi que pour Kinshasa et le Bas-Congo (ouest).

Le Premier ministre a dû leur expliquer que la maîtrise budgétaire était une nécessité… D’autant que la masse salariale des fonctionnaires était passée de 12,5 milliards de francs congolais (10 millions d’euros) en 2001 à… 891,5 milliards (700 millions d’euros) en 2012 ! Soit une multiplication par 70…Et de rappeler que, pendant la même période, le nombre de fonctionnaires était passé quant à lui de 389 000 à 712 000. Le budget, déclaré recevable par un vote à mains levées, à finalement été transmis à la commission des finances.

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(Avec AFP)

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