Mali : de quelles forces disposent les jihadistes ?

Alors que la Cedeao n’attend plus qu’un feu vert de l’ONU pour déployer une force d’intervention et de reconquête au Nord-Mali, les jihadistes se préparent à se replier dans le désert. Jeune Afrique passe en revue leurs capacités militaires.

Photo distribuée par Aqmi, montrant un camp d’entraînement au Mali en novembre 2010. © Mohamed Sifaoui/Sipa

Photo distribuée par Aqmi, montrant un camp d’entraînement au Mali en novembre 2010. © Mohamed Sifaoui/Sipa

Publié le 12 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Même si quelques volontaires, notamment français, rallient les rangs des jihadistes, rien ne confirme vraiment l’arrivée massive de combattants en provenance de l’étranger au Mali. Bien au contraire, tandis que la coalition en gestation n’attend plus qu’un mandat de l’ONU pour signer son certificat de naissance, l’alliance entre les mouvements islamistes se fragmente.

Ainsi, le prudent « recul stratégique » d’Ansar Eddine, qui, le 6 novembre, dit rejeter le terrorisme, change-t-il radicalement la donne entre les groupes armés et les forces promises à intervenir dans le septentrion malien. Les observateurs attendent toutefois de voir cette déclaration confirmée par des actes, d’autant que pour l’heure, Ag Aharib, porte-parole de l’organisation, affirme que son organisation n’affrontera pas Aqmi.

la suite après cette publicité

Les manoeuvres de Iyad Ag Ghali

Quoi qu’il en soit, il suffit que son groupe reste à l’écart de probables affrontements pour mettre en difficulté Aqmi et le Mujao. À Tombouctou, les éléments d’Aqmi sont d’ailleurs face à un dilemme : se retirer de la ville, dans laquelle les Touaregs disposent de la supériorité numérique, ou s’en prendre directement à eux, ce qui transformerait les salafistes algériens en agresseurs et légitimerait ainsi une riposte d’Ansar Eddine contre Aqmi ! Fidèle à lui-même, Iyad Ag Ghali a su manœuvrer politiquement.

L’armement des jihadistes

– Fusils semi-automatiques : SKS (et copies chinoises Type 56), quelques fusils de précisions SVD Dragunov (Aqmi)

– Fusils d’assaut : Kalashnikov (dont des modèles chinois, roumains), quelques AK-103

– Fusils-mitrailleurs : RPD, RPK

– Mitrailleuses : SGM, PKM, quelques FN MAG

– Lance-roquettes-antichars : RPG-7

– Mortiers : quelques-uns de 60 et de 82 mm

– Véhicules légers armés 4×4 avec DShK, ZPU-1 et 2 ou ZU-23/2 ainsi que LRM Type 63, au moins un 4×4 avec canon sans recul M40A1 et un 4×4 avec tourelle de BRDM-2 à Gao

– Chars légers : 6 PT-76 à Gao (capacité opérationnelle douteuse et peu ou pas de munitions)

– Véhicules blindés : quelques BRDM-2 et BTR-60PB, au moins 1 BTR-152 à Gao (capacité opérationnelle douteuse)

– Lance-roquettes-multiples : quelques BM-21 (capacité opérationnelle douteuse)

Enfin Aqmi dispose probablement de quelques missiles sol-air SA-7b et SA-14 et éventuellement de quelques SA-24 sans crosse de tir ni affût pour les tirer. Mais l’approvisionnement en munitions constitue aussi un des points faibles de tous les groupes qui occupent le Nord.

la suite après cette publicité

Mais quels sont les effectifs jihadistes que pourrait rencontrer une éventuelle intervention africaine armée ? L’ensemble des groupes fondamentalistes représente de 4 à 6 000 hommes, selon les sources. Composante principale, Ansar Eddine regroupe jusqu’à 4 000 hommes : transfuges du MNLA et déserteurs touaregs de l’armée malienne, recrues locales… Aqmi et le Mujao alignent quant à eux jusqu’à 2 000 hommes, dont environ 700 appartiennent aux « noyaux » de chaque organisation : les combattants les plus fanatiques et les mieux entraînés. Le reste se compose d’auxiliaires recrutés pour de l’argent, dont de nombreux adolescents, vaguement formés au maniement des armes légères.

Il importe de considérer que ces noyaux ne sont pas d’une solidité à toute épreuve : la défection de Bilal Hicham, qui dénonce les dérives du Mujao, ou encore, la situation confuse qui règne à propos de Mokhtar Belmokhtar et de sa place au sein d’Aqmi, l’illustrent parfaitement, tout comme l’arrestation d’un jihadiste français, Gilles Le Guen, par ses pairs d’Aqmi qui l’accusent d’espionnage, les déclarations fantasques d’Oumar Ould Hamaha qui appartient tantôt à un groupe, tantôt à un autre, avant de se réclamer « chargé de sécurité pour le jihad au Nord-Mali »…

la suite après cette publicité

Crainte des attentats

Toutefois, si le retournement de veste du mouvement d’Iyad Ag Ghali et cette fébrilité réduisent les capacités militaires des jihadistes, leur capacité de nuisance reste intacte. Les terroristes vont probablement revenir à leurs « fondamentaux » : en délaissant les villes et en s’évaporant dans le désert comme semble déjà s’y préparer le Mujao.

Sans un « plan de paix » efficace de la part de la communauté internationale, il leur suffira d’attendre que s’use toute la belle détermination de la coalition, en survivant grâce aux trafics, tout en « punissant », si possible, à coups d’attentats ceux qui seront déployés. Et aucun pays impliqué dans le processus de libération n’est à l’abri d’un attentat.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Abdel Jelil, d’origine bretonne, a révélé l’existence d’un groupe de jihadistes français. © Capture d’écran

Mali : un deuxième jihadiste français en partance pour Tombouctou avait été arrêté au Niger

Dioncounda Traoré (Mali) et Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), à Abuja, le 11 novembre. © Pius Utomi Ekpei/AFP

La Cedeao veut envoyer 3 300 soldats au Mali pendant un an

Contenus partenaires