Côte d’Ivoire : la hiérarchie des FRCI se réorganise
L’armée ivoirienne subit un vaste mouvement de changements d’affectations. Parmi ces derniers, celui de Zakaria Koné, un ancien comzone très critiqué par les associations de défense des droits de l’homme, ressemble fort à une mise à distance. Même si l’intéressé conserve des fonctions importantes.
Mis à jour à 15h08.
Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) viennent de connaître un vaste mouvement de changement d’affectations. Plusieurs chefs de guerre de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), aujourd’hui intégrés dans l’armée nationale, sont concernés. Les mouvements les plus notables touchent Zakaria Koné, commandant de la police militaire, qui est la cible de toutes les critiques des organisations de défense des droits de l’homme, ainsi que Gaoussou Koné, alias Jah Gao, le chef du groupement tactique 9 du quartier populaire d’Abobo, où les incidents se sont multipliés ces derniers mois entre ses hommes et des groupes de civils armés.
Ces changements alimentent une forte polémique dans la capitale économique ivoirienne, dans la mesure où les principaux concernés figurent parmi les personnalités les plus controversées. Alors, sanction ou pas sanction ? Zakaria Koné a été muté au Bataillon d’artillerie sol-air (Basa), situé à la caserne d’Akouédo, près d’Abidjan, un camp militaire qui avait été la cible d’une attaque d’hommes armés non identifiés au début d’août. Gaoussou Koné se retrouve quant à lui au 1er bataillon des commandos parachutistes (BCP), également à Akouédo, en tant numéro deux, sous la direction du colonel Jean Hubert Ouassenan.
Un limogeage qui ne dit pas son nom ?
Le 7 novembre, au cours d’un rassemblement à la place d’armes de la caserne du génie d’Adjamé, base de la police militaire, Zakaria Koné a confirmé à la troupe son départ pour Akouédo, mais il a aussi déclaré qu’il restait sur place en attendant son successeur. Une attitude qui laisse présager un limogeage qui ne dit pas son nom… D’autant que, dans le dernier communiqué d’Amnesty International, Zakaria Koné et ses hommes de la police ont été épinglés comme auteurs de graves violations des droits de l’homme dans leur base.
Zakaria Koné et ses hommes de la police ont été épinglés par Amnesty comme auteurs de graves violations des droits de l’homme dans leur base.
En outre, plusieurs chancelleries occidentales ont régulièrement interpelé le gouvernement ivoirien sur les pratiques rétrogrades de certains chefs militaires. Même si le gouvernement avait réfuté ces accusations, Paul Koffi Koffi, le ministre délégué à la Défense et son collègue Gnénéma Coulibaly des droits de l’homme, avaient effectué une visite de terrain sur les lieux de quelques unes de ces violations présumées.
Réforme de l’armée
À la fin d’août, en petit comité, le ministre délégué à la Défense avait d’ailleurs déjà annoncé des mouvements au sein des FRCI, notamment pour les ex-commandants de zone (Comzones) de la rébellion. Mais du côté de la Présidence, on explique que ces changements d’affectations entrent dans le cadre de la réforme de l’armée.
« Ce n’est pas une sanction. Il était prévu de longue date que Zakaria Koné et certains ex-commandants devaient intégrer des unités régulières. C’est qui a été fait. Pour sanctionner quelqu’un, on ne le met pas au cœur du dispositif sécuritaire d’Abidjan », estime un conseiller de Alassane Ouattara. De fait, selon des analystes militaires, la Basa n’a jamais été opérationnelle depuis dix ans. Il incombe désormais à Zakaria Koné de faire monter en puissance cette unité.
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Par Baudelaire Mieu, à Abidjan
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