La présidentielle américaine vue de Kogelo, le village des origines kényanes d’Obama

Dans le village kenyan du grand-père de Barack Obama, Kogelo, on s’apprêtait à vivre une nuit blanche, mardi 6 novembre. Au rythme des informations en provenance des États-Unis où le président sortant joue sa réélection à « quitte ou double ».

Une habitante de Kogelo, le 5 novembre 2012. © Tony Karumba/AFP

Une habitante de Kogelo, le 5 novembre 2012. © Tony Karumba/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 6 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Alors que les bureaux de vote ont ouvert aux États-Unis, mardi 6 novembre, les médias du monde entier ont posé à Kogelo une caméra pour un reportage de l’élection américaine « vue d’Afrique ». Kogelo, c’est le village des origines kényanes de Barack Obama. Sarah Obama, 90 ans y vit encore. Elle est la troisième femme du grand-père paternel du président sortant, avec lequel elle n’a aucun lien de sang. Mais celui qui brigue un deuxième mandat de cinq ans a souvent fait savoir qu’il considérait « Mama Sarah » comme sa grand-mère.

À l’approche de l’élection, elle est essentiellement restée cloîtrée dans sa maison, gardée par un policier 24 heures sur 24. Mais mardi, la vieille femme est sortie quelques minutes dans son jardin pour une conférence de presse improvisée. « Je prie pour lui [Barack Obama, NDLR], pour que Dieu l’aide », a-t-elle déclaré. « C’est une course serrée donc je prie pour lui. Si c’est son tour, Dieu le laissera triompher », a-t-elle ajouté en langue luo.

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Quelques instants auparavant, un oncle du président, Said Hussein Obama, avait indiqué que sa famille entendait regarder en cercle restreint la télévision « jusqu’à ce que le résultat soit annoncé ». Et comme eux, beaucoup d’habitants n’espèrent qu’une chose : que « leur » président soit réélu.

Dans la cour de l’école primaire, rebaptisée École Obama après une visite en 2006 de celui qui n’était encore que sénateur de l’Illinois, un écran géant devait être installé et accessible librement aux habitants. Quelques privilégiés – le nombre de billets est limité – pourront aussi suivre l’élection sur grand écran au Kogelo Village Resort pour 1 000 shillings minimum (quelque 9 euros).

Said Hussein Obama, un oncle du président Barack Obama, le 5 novembre 2012, à Kogelo.

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© Tony Karumba/AFP

Améliorations

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« Je vais regarder l’élection toute la nuit », assure par exemple Mary Manyala Ohito, travailleuse sanitaire, « c’est cher, mais je vais me le permettre ». Il faut dire que l’élection d’Obama en 2008 a plutôt favorisé Kogelo. Une route principale goudronnée, l’électricité, l’eau courante… En quatre ans, le village a changé de visage.

Avant, se souvient un journaliste venu suivre depuis Kogelo l’élection d’Obama, il était difficile de trouver une boisson fraîche dans les échoppes et la télévision fonctionnait sur générateur. L’internet est encore chaotique, mais les hôtels se développent et offrent accès aux chaînes câblées. « Il y a eu de grands changements ici (…) Maintenant nous avons l’eau (courante), l’électricité, un poste de police, la sécurité est meilleure », explique la gérante du Kogelo Village Resort, Dorothy Babu.

Avant, Kogelo était « un village endormi », renchérit Mary Manyala Ohito, qui évoque aussi l’arrivée de « boda-boda » – les motos-taxi kényans – et la professionnalisation des soins de santé ces dernières années. Mais le tourisme semble cependant encore loin des espérances. Le Kogelo Village Resort, ouvert il y a un peu moins d’un an, accueille surtout des séminaires, des écoles, des ONG qui désormais travaillent dans la région.

Attraction

Car ici, la principale attraction, c’est évidemment « Mama Sarah », qui reste – on la comprend – peu accessible, vivant comme si de rien n’était. « Beaucoup reste à faire », explique Said Hussein Obama. « Les gens veulent voir les origines du président et cela peut aider l’économie » locale. Mais, affirme-t-il, « c’est au gouvernement d’être agressif dans sa façon de faire le marketing de cet endroit », estime-t-il, évoquant la possibilité d’intégrer Kogelo dans un circuit touristique de l’ouest du Kenya.

« Avec son élection, (Obama) a permis à Kogelo d’avoir un nom sur les cartes du monde entier », ajoute son oncle, « je ne pense pas que (le développement) aurait été possible si Barack n’avait pas été élu ». Quoi qu’il en soit, réélu ou pas, barack Obama est attendu à Kogelo avec impatience.

« Peut-être que cette fois, s’il est réélu, il fera une tournée en Afrique », lance son oncle. « Je ne peux pas dire s’il viendra à Kogelo, mais (…) j’espère que le Kenya fera partie des pays qu’il visitera. »

(Avec AFP)

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