Les chefs d’état-major de la Cedeao étudient le « concept opérationnel » d’une intervention au Mali
Réunis à Bamako, les chefs d’état-major de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) doivent étudier, mardi 6 novembre, le « concept d’opération » d’une intervention militaire au Nord-Mali. D’après un responsable africain ayant participé aux travaux préparatoires, l’implication de troupes non-africaines aux opérations fait partie des options envisagées.
La perspective d’une intervention militaire au Nord-Mali approche. À Bamako, des experts internationaux ont achevé lundi leurs travaux, entamés le 30 octobre, sur le « concept d’opération » de cette intervention. Mardi, ils passent le relais aux chefs d’état-major de la Cedeao avant que les dirigeants de la région ne se saisissent du dossier.
« Si les chefs d’État africains donnent leur accord, il y aura des troupes non-africaines sur le terrain pour aider le Mali à reconquérir son territoire », a indiqué un responsable africain ayant participé à la réunion.
Jusqu’à présent, l’envoi de troupes non-africaines au sol a toujours été écarté par la France ou les États-Unis, qui ne parlent que d’un appui logistique. Mais des responsables ouest-africains espèrent une intervention de leur aviation, qui pourrait s’avérer décisive pour chasser les groupes islamistes armés.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d’une force au Mali qui, selon le responsable africain à Bamako, pourrait atteindre les 4 000 hommes. Le Conseil de sécurité a donné jusqu’au 26 novembre à la Cedeao pour préciser ses plans.
Poursuite des négociations
Parallèlement à la préparation d’une intervention militaire se poursuivent les négociations. À Ouagadougou, la médiation burkinabè poursuivait lundi ses discussions avec Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam, en arabe). Une délégation de ce groupe islamiste armé, arrivée vendredi au Burkina, doit rencontrer mardi à 16h00 (locales et GMT) le président Blaise Compaoré, médiateur au nom de la Cedeao.
Au lendemain d’un premier entretien, les émissaires islamistes ont discuté lundi, durant environ deux heures, avec le chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé.
« Nous avons bien avancé », a déclaré M. Bassolé. Les envoyés d’Ansar Eddine « vont réserver la primeur » de leurs réflexions au médiateur et il s’agira ensuite pour eux de « dialoguer avec l’État malien », de « continuer les consultations avec le MNLA » (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion touarègue laïque et prônant l’autodétermination) et les communautés du nord du Mali, en vue d’un « processus inclusif ».
Discussions à Alger
Pour M. Compaoré, l’enjeu est de convaincre Ansar Eddine – surtout composé de Touareg maliens comme son chef Iyad Ag Ghaly – de rompre avec ses alliés djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Jusque-là, la délégation conduite par Algabass Ag Intalla – à la fois un élu, un haut cadre du groupe et une importante personnalité de la communauté touarègue – s’est contentée d’afficher son « indépendance » vis-à-vis des autres mouvements. Elle a également dit ne rien se reprocher sur le plan du « terrorisme » et plaidé pour une « solution négociée » à la crise.
Comme ses alliés, Ansar Eddine impose la charia (loi islamique) de manière brutale, des destructions de mausolées aux lapidations à mort. C’est l’un des points qui l’oppose au MNLA, mouvement marginalisé par les islamistes mais dont des représentants basés à Ouagadougou ont eu des entretiens discrets avec ceux d’Ansar Eddine.
Une autre délégation d’Ansar Eddine se trouve actuellement à Alger où les autorités croiraient à un prochain revirement du groupe, selon des informations de presse. Pour le Burkina cependant, même si Ansar Eddine se démarque de ses encombrants alliés, connus pour leurs enlèvements et leurs trafics dans les pays de la région, il faudra in fine recourir à la force contre les « terroristes ».
(Avec AFP)
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